Ainsi, Gilbert Rozon veut son festival de cinéma... Il prendra le Festival des films du monde (FFM) si Serge Losique lui en cède les rênes, mais le fondateur du FFM, il l'a expliqué à nos collègues cette semaine, ne voit pas vraiment en quoi l'autre pourrait aider... Aider la cause du FFM et celle du cinéma en général, a-t-on compris. M. Losique, en fait, ne semble pas du tout convaincu de l'engagement profond de Gilbert Rozon pour le septième art.

Qu'à cela ne tienne! Rozon dit qu'il mettra sur pied son propre festival de cinéma. Qui ne sera pas un concurrent du FFM, précise le patron de Juste pour rire. Mais qu'en serait-il du Festival du nouveau cinéma, qui s'en vient en octobre, et des autres festivals de cinéma de Montréal?

En 2008, Juste pour rire a intégré à sa programmation celle de Comedia, un festival qui faisait partie de Fantasia; Comedia est devenu le Festival de films Juste pour rire, mais l'aventure n'a pas duré.

Un pendant cinématographique, avec des comédies et des films d'humour - Comedia présentait une dizaine de longs métrages et quelque 100 courts -, représente certainement une extension naturelle pour Juste pour rire. Plus naturelle en tout cas que des musicals comme Grease, que le metteur en scène a essayé en vain de rendre comique cet été, ou des spectacles de musique comme The Man in Black, un hommage à Johnny Cash qui n'a rien à voir avec la comédie ou l'humour.

Ce que veut Gilbert Rozon, c'est un festival multigenres comme Édimbourg qui durerait pendant les trois mois de l'été et dont il serait le maître à penser. À cet égard, Juste pour rire a commencé il y a longtemps à «s'étendre» dans le temps et dans l'espace... le temps et l'espace de ses «amis» du Festival de jazz, notamment.

De la rue Saint-Denis à la Place des Arts, Juste pour rire s'étend seul ou avec d'autres: coproduction avec le TNM de Cyrano (2014) et des Trois Mousquetaires, cet été; depuis trois ans, entente de production avec Haïti en folie qui, dans le cadre de JPR fin juillet, a présenté le rappeur Wyclef Jean, un des grands spectacles de l'été sur la place des Festivals.

Un long festival qui durerait tout l'été, mais auquel il manque encore une dimension cinéma... Que remplirait fort bien le FFM que Gilbert Rozon dit vouloir contribuer à pérenniser «si les conditions sont réunies»...

Une grande âme, Gilbert Rozon, avec des sabots à l'avenant. De la même pointure que ceux du maire qui l'appuie.

Yves-François Blanchet annonce gros

Rencontré le mois dernier à la première de Dragao à la Cité de l'énergie de Shawinigan où l'amour l'a mené, Yves-François Blanchet nous avait confié qu'il préparait «quelque chose de big dans le domaine des médias».

YFB qui annonce gros, ça relève un peu de l'euphémisme, mais l'ancien président de l'ADISQ et ministre péquiste n'en vient pas moins de lancer tag.média, un média internet... qui annonce gros. Selon son président et éditeur, tag.média, qui compte déjà une dizaine d'employés, offrira l'information internationale, nationale, régionale et locale dans les champs de la politique, de l'actualité, des arts et des sports, de l'économie et de la science, information qui se renouvellera au rythme de 25 à 30 ajouts quotidiens.

Yves-François Blanchet a connu le journalisme de l'extérieur, d'abord comme agent d'Éric Lapointe où il a fait ses classes en gestion de crise, puis comme président de l'ADISQ et enfin comme député péquiste et ministre de l'Environnement où il a souvent eu maille à partir avec ceux qui commentaient ses actions et celles de son parti.

Comme journaliste (d'opinion), Blanchet a travaillé à Radio9, la station montréalaise de Radio-Nord qui, après quatre mois à l'antenne, s'est réorientée vers le sport (91,9 FM) en juin. YFB a aussi tenu un blogue dans le Huffington Post (Québec), dont le cadre a sûrement nourri sa réflexion sur la création de tag.média où il signe ce que les journalistes traditionnels appellent encore des éditoriaux.

Reste à voir comment le nouveau patron de presse réussira à conjuguer son tempérament combatif et les impératifs économiques de son nouveau média dont il entend financer l'exploitation avec des revenus de publicité locale, dans une ville économiquement malade depuis 60 ans.

Quoi qu'il en soit, YFB se dit «le concurrent de personne» et a déjà les yeux sur Trois-Rivières...