Muhammad, la plus grande production cinématographique jamais produite en Iran, ouvrira le 39e Festival des films du monde de Montréal le 27 août.

Ce film, réalisé par Majid Majidi et soutenu par les autorités, est une fresque de presque trois heures, dans laquelle est évoquée l'enfance du prophète Mahomet.

Souvent célébré au FFM, Majid Majidi a obtenu le Grand Prix des Amériques à trois reprises: Les enfants du ciel, en 1997 (aussi en lice pour l'Oscar du meilleur en langue étrangère, l'année suivante), La couleur du paradis, en 1999, et Baran, en 2001.

Avec Muhammad, Majid Majidi offre le premier volet d'une trilogie annoncée. Il s'agit assurément de la production la plus ambitieuse jamais produite en Iran. Le montant du budget est tenu secret, mais les chiffres oscillent entre 22 et 50 millions.

Le cinéaste a eu les moyens de faire appel à quelques pointures internationales. Le grand directeur photo italien Vittorio Storaro (Apocalypse Now, Le dernier empereur) est de la partie, tout comme le compositeur indien A.R. Rahman (Slumdog Millionaire). Miljen Kreka Kljakovic (Le temps des gitans) signe la direction artistique, et l'Anglais Michael O'Connor est chargé des costumes.

Un parfum de controverse



À l'évidence, l'évocation de la vie d'un prophète dont les règles islamiques interdisent toute représentation physique reste une opération des plus délicates.

Au-delà de la controverse suscitée au sein de la communauté cinématographique iranienne par le budget attribué à Majidi, Muhammad soulève aussi des questions dans les pays arabes.

Qualifié d'«exemplaire» par Hossein Nooshabadi, porte-parole du ministère iranien de la Culture et de l'Orientation islamique, Muhammad a été dénoncé, en revanche, par l'Académie de recherche islamique, associée à l'Université al-Azhar d'Égypte, la plus ancienne université islamique active.

Si les drames bibliques sont légion, les films sur Mahomet se font beaucoup plus rares. Et sont scrutés à la loupe.

Par ailleurs, le journal britannique The Guardian a fait récemment écho à la nature très religieuse du cinéaste, en rappelant son refus de se rendre à un festival de cinéma au Danemark au moment de la controverse des caricatures en 2006, ainsi que sa rencontre, en 2009, avec l'ayatollah Khamenei, leader suprême du pays. Ce dernier a d'ailleurs honoré le plateau de sa présence au début du tournage.

La première mondiale de Muhammad aurait dû avoir lieu en janvier au festival Fajr de Téhéran. La projection a toutefois été annulée pour des raisons techniques. Des cinéastes, journalistes et critiques iraniens ont pu voir le film deux semaines plus tard, dans le cadre d'une projection privée. Selon nos informations, les commentaires ont été généralement favorables.

L'équipe à Montréal



Le FFM peut donc revendiquer la primeur mondiale de la projection de Muhammad qui n'a pas encore pris l'affiche en Iran. Dans la conjoncture mondiale, il est certain que la fresque épique de Majid Majidi suscitera l'intérêt. «Ce film constitue un pas en avant pour le cinéma musulman, a déclaré le cinéaste en conférence de presse. C'est un investissement dans le développement du cinéma musulman.»

Majid Majidi et quelques membres de son équipe seront présents à la soirée d'ouverture. Le 39e Festival des films du monde aura lieu du 27 août au 7 septembre.