Le vent semble tourner pour le Festival des films du monde, dont les finances précaires ont été renflouées par une prise d'hypothèque sur le Cinéma Impérial et la rentrée de fonds inespérés par des donateurs anonymes.

Hier, à 48 heures du coup d'envoi de la 38e présentation, une certaine effervescence régnait dans les locaux du Festival, où La Presse s'est présentée. En après-midi, c'est un Serge Losique rayonnant qui a accueilli le président du jury, Sergio Castellitto, qui arrivait de New York avec plusieurs membres de sa famille.

«Je suis heureux de revenir à Montréal, a dit M. Castellitto en entrevue à La Presse. En 2004, j'y avais présenté mon film Écoute-moi avec Penélope Cruz. J'ai un souvenir magnifique de la ville, du festival, de la relation avec le public, très généreux, formidable et doté d'une envie très forte de voir et parler de cinéma.»

En marge de son travail de président du jury, M. Castellitto a aussi accepté de donner une classe de maître durant le FFM, a-t-on appris.

Une hypothèque et des dons

L'ambiance légère d'hier était sans doute conditionnée par le fait que l'organisme a réussi à hypothéquer le Cinéma Impérial pour une somme de 2 millions de dollars, comme l'a rapporté Le Journal de Montréal dans son édition d'hier. Cette somme devrait servir à éponger une partie de la dette à long terme (autour de 2,5 millions), comme l'avait annoncé le conseil d'administration du Festival plus tôt cet été.

«C'était la meilleure solution dans les circonstances, a indiqué la directrice générale Danièle Cauchard. Vous nous auriez vus annuler le Festival à deux semaines d'avis, alors que plein de gens avaient confirmé leur voyage et acheté leurs billets d'avion?»

Cette dernière digère toujours très mal la décision unanime des institutions publiques de retirer leurs billes du FFM à quelques semaines d'avis. «C'est du délire, de l'irresponsabilité», a-t-elle dit.

Danièle Cauchard a du même souffle laissé entendre que le Festival a reçu des dons. Mais elle demeure vague quant aux détails. «Nous avons reçu des dons d'au moins deux personnes. Ça prouve qu'il y a des gens qui pensent un peu ailleurs... Ça permet de tenir les projections à la belle étoile», a-t-elle souligné, sans préciser les sommes obtenues.

Ces donateurs sont-ils Montréalais? «Non», répond-elle. Québécois, alors? «Arrêtez, arrêtez avec vos questions. Je ne répondrai pas; ils sont anonymes», a lancé Mme Cauchard en riant.

Stephen Harper bien seul...

Au moment de la visite de La Presse, hier, plusieurs employés et bénévoles s'activaient. À l'extérieur de l'Impérial, rue de Bleury, les organisateurs avaient placé des piles de grilles horaires sur des stands des deux côtés du cinéma. Des employés dans une nacelle décoraient la marquise de drapeaux. Dans les environs immédiats de l'Impérial, affiches du FFM et oriflammes avec le vieux logo de l'événement étaient partout visibles.

La Presse a aussi obtenu le programme officiel de cette 38e présentation. Premier constat: il est plus mince que d'ordinaire, sans doute en raison de la réduction du nombre de films présentés, mais aussi du retrait des institutions de financement.

D'ordinaire, chacune des institutions a, en début de catalogue, une page à elle où son représentant (un ministre, le maire de Montréal, etc.) dit son mot de bienvenue dans les deux langues. Or, cette année, retrait des institutions oblige, ces pages n'existent pas.

En fait, oui, il y a un mot signé Stephen Harper. Est-ce à dire que le premier ministre canadien aurait pigé dans son enveloppe discrétionnaire pour donner un coup de pouce à l'événement? À cette question, Serge Losique s'esclaffe, nous fait gentiment une prise de tête, refuse de répondre pour ensuite dire que non. On n'en saura pas plus.

Le 38e FFM s'amorce demain soir avec la présentation du film Salaud, on t'aime de Claude Lelouch. Le réalisateur français sera présent à cette occasion.