C'est un acteur et réalisateur humble, antistar-system, captivant et qui s'exprime parfaitement en français qui arrive à Montréal pour présider le jury du 38e Festival des films du monde.

C'est du moins le portrait que la revue suisse Clap.cha fait de Sergio Castellito, en août 2013, lorsque le Festival de Locarno lui a remis un Léopard d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. La revue a dit de lui qu'il est l'acteur italien le plus charismatique et «exporté» des 30 dernières années.

Il est vrai que l'homme, qui célébrera son 61e anniversaire de naissance lundi, aura connu, au fil de sa participation à quelque 70 films, une carrière chevauchant deux grandes périodes du cinéma italien, mais aussi deux langues: l'italien et le français.

Castellitto a joué pour Luciano Tovoli, Ettore Scola, Giuseppe Tornatore, Mario Monicelli, Jacques Rivette et Luc Besson. Il a donné la réplique à Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Vittorio Gassman, Philippe Noiret...

«Grâce à tous ces grands acteurs, j'ai appris une leçon essentielle: un grand acteur doit être docile, mais pas servile, exigeant envers lui-même, mais humble», a-t-il dit lors d'une rencontre avec le public à Locarno.

Depuis une dizaine d'années, il s'est tourné vers la scénarisation et la réalisation. Outre Libero Burro, il a également signé Écoute-moi (présenté au FFM en 2004) et Venir au monde, deux films qui mettaient en vedette Penélope Cruz.

«Je crois que Sergio est l'un des meilleurs acteurs avec qui j'ai travaillé et l'un des meilleurs acteurs au monde, a dit de lui Penélope Cruz dans une entrevue (iloveitalianmovies.com) sur le film Écoute-moi. Je voudrais que ce film donne aux gens davantage le goût de voir des oeuvres étrangères. Ce film a changé ma vie.»

À Montréal, Sergio Castellitto présidera un jury de six personnes. Il n'en sera pas à sa première expérience puisque, en 2008, il siégeait au jury du Festival de Cannes, alors présidé par l'Américain Sean Penn.

Douze films italiens

Dans ce 38e Festival des films du monde, Sergio Castellitto sera en quelque sorte le fer de lance d'une impressionnante délégation italienne. Un communiqué de presse diffusé mercredi annonce en effet que le festival présentera 12 films produits ou coproduits par l'Italie: trois en compétition officielle, sept dans la section Regards sur les cinémas du monde, un court métrage et un documentaire.

Réalisateur du film Un ragazzo d'oro, qui met en vedette Sharon Stone, Pupi Avati sera d'ailleurs à Montréal en compagnie d'autres réalisateurs et comédiens italiens dont les noms restent à communiquer.

Fort d'une carrière comptant des dizaines de films depuis 1970, M. Pupi a vu Un coeur ailleurs inscrit en compétition officielle du Festival de Cannes en 2003, la même année que Les invasions barbares de Denys Arcand.

Deux autres films italiens seront de la compétition officielle du FFM cette année: Le dernier voeu, de Namik Ajazi, et Una storia sbagliata, de Gianluca Maria Tavarelli.

Coproduction avec l'Albanie, Le dernier voeu revient sur les atrocités commises sous le règne du dictateur albanais Enver Hoxha dans les années 80. Una storia sbagliata raconte, quant à lui, l'histoire d'une infirmière sicilienne qui se joint à une ONG en Irak dans l'espoir de retrouver l'assassin de son compagnon, soldat tué dans un attentat.

Les sept titres italiens de la section Regards sur les cinémas du monde sont L'ultima ruotta del carro, de Giovanni Veronesi, Tir, d'Alberto Fasulo, Perfidia, de Bonifacio Angius, La mafia uccide solo d'estate, de Pierfrancesco Diliberto, E fu sera, e fu mattina, d'Emanuele Caruso, La scultura, de Mauro John Capece, et Closer to the Moon, de Nae Caranfil.

Le court métrage Coral, de Giacomo Martelli, nous invite à visiter les coraux du Pacifique Sud à travers le regard d'un jeune père samoan. Enfin, le documentaire Felicechi è diverso, de Gianni Amelio, trace le portrait du mouvement homosexuel en Italie, de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours.

Le 38e FFM aura lieu du 21 août au 1er septembre.

FFM et cinéma italien: la belle alliance

1978: Le deuxième FFM marque le début de la compétition officielle. Le lauréat du tout premier Grand Prix des Amériques, attribué par un jury présidé par Alain Delon, est un film italien: Ligabue (Salvatore Nocita).

1979: Le cinéaste Sergio Leone préside le jury. Giulano Gemma obtient le prix d'interprétation masculine grâce à Corleone (Pasquale Squitieri).

1981: L'actrice italienne Gina Lollobrigida préside le jury. Le Grand Prix des Amériques est remis à The Chosen, un film américain réalisé par Jeremy Paul Kagan.

1991: Federico Fellini signe l'affiche du 15e Festival des films du monde. Marcello Mastroianni fait l'objet d'un hommage.

1999: À l'occasion de la présentation de son film La Cena, un Grand Prix spécial des Amériques est attribué au cinéaste Ettore Scola pour l'ensemble de son oeuvre.

2001: Sophia Loren reçoit un Grand Prix spécial des Amériques pour sa contribution exceptionnelle à l'art cinématographique.

2002: Le jury, présidé par le cinéaste iranien Majid Majidi, décerne le Grand Prix des Amériques à Il più bel giono della mia vita (Le plus beau jour de ma vie), de Cristina Comencini.

2004: Sergio Castellito vient présenter au FFM Non ti muovere (Écoute-moi), son deuxième long métrage à titre de réalisateur, en compagnie de la vedette du film Penélope Cruz.

2010: Stefania Sandrelli reçoit un Grand Prix spécial des Amériques pour sa contribution exceptionnelle à l'art cinématographique.

2014: Sergio Castellito revient au FFM, cette fois à titre de président du jury.

- Marc-André Lussier