Quelques jours avant notre rencontre avec Michel Nadeau, La Presse avait obtenu plusieurs documents d'analyse des demandes de subvention du FFM en vertu de la Loi d'accès à l'information. Or, ces documents montrent l'agacement des analystes à l'endroit de la direction du FFM.

Par exemple, les chiffres fournis par le Festival quant à sa fréquentation en salles en 2013 sont sérieusement mis en doute. Le FFM affirme qu'en additionnant les entrées payantes, gratuites et les billets de faveur, on en arrive à 178 076 entrées en salles, «ce qui représente 110% de la capacité totale d'occupation des sièges disponibles (162 418 sièges en comptant large), soit 15 658 spectateurs de plus que ce que les salles peuvent contenir», écrivent les analystes.

«Difficile de croire que les 637 projections étaient toutes complètes, à l'exemple de la délégation allemande qui s'est retrouvée dans des salles vides avec parfois des projections annulées au dernier moment en raison de problèmes liés aux copies de diffusion qui n'avaient pas été vérifiées préalablement...»

En matière de gouvernance, l'analyse de la demande de subvention de 2014 est également sévère. «Dans l'organigramme, le Comité de vérification et finances se trouve en position d'autorité sur la direction générale, alors qu'il devrait avoir un rôle d'analyse, d'étude, de vérification, de proposition avant rapport au CA, laissant à ce dernier les décisions», lit-on.

En 2013, l'analyse de la demande s'indignait de l'inconsistance de la programmation, qualifiée de «vrai fourre-tout, sans lignes éditoriales claires». On ajoutait: «L'idée étant d'offrir un maximum de choix et que la qualité artistique des oeuvres n'est pas un facteur déterminant dans le processus de sélection.»

La question du marché du FFM où des professionnels convergent pour acheter des films est aussi un thème récurrent d'agacement. «Pas de bilan de marché, juste un énoncé descriptif en paragraphes très généraux des activités qui s'y déroulent [...]. Aucune étude d'impact, aucun résultat clairement établi en terme de nombre de professionnels présents, nombre de professionnels québécois touchés, nombre de contrats de distribution signés, nombre de ventes effectuées, etc.», dit-on dans l'analyse de 2013.

La dette du FFM

La dette à long terme du Festival des films du monde se ventile comme suit:

> 950 000$ à Serge Losique (par le truchement d'une institution financière où il a hypothéqué ses biens)

> 850 000$ à la SODEC (prêt initial de 1 million contracté en 2010)

> 450 000$ en créances courantes

Source: Michel Nadeau

Les subventions reçues en 2013

SODEC: 275 000$

Autres financements de Québec: 455 000$

Téléfilm Canada: 327 683$

Autres financements d'Ottawa: 155 000$

Ville de Montréal: 150 000$

Tourisme Montréal: 158 985$

TOTAL: 1 521 668$