La directrice générale du Festival des films du monde (FFM), Danièle Cauchard, a la ferme intention de «passer le relais» et d'aller vers autre chose, que ce soit au FFM ou ailleurs.

«Lorsqu'on fait ce travail depuis si longtemps, ça devient parfois très, très lourd. J'ai fait part de mon désir à Serge Losique [le président fondateur] et aussi aux membres du conseil d'administration. Mais je veux que ça se fasse de la façon la plus harmonieuse possible», a-t-elle indiqué hier après-midi dans les bureaux du FFM, rue De Bleury, où La Presse l'a rencontrée.

Depuis quelques jours, une rumeur persistante voulait que la directrice générale du FFM ait quitté ses fonctions. Plusieurs appels et courriels envoyés au FFM durant cette période sont demeurés sans réponse. Hier, La Presse est donc allée sonner à la porte des bureaux du FFM. Nous avons parlé à trois reprises à des personnes par interphone et attendu dehors de longues minutes, puis on nous a ouvert la porte. À la sortie de l'ascenseur, au 4e étage, là où se trouvent les bureaux du FFM, Mme Cauchard nous a accueilli avec un grand sourire et une chaleureuse poignée de main.

Tout en faisant part de ses intentions, elle a toutefois insisté pour dire que cette histoire n'était pas nouvelle. «J'en avais parlé une première fois il y a deux ans. Et j'ai à nouveau fait part de mon désir il y a cinq ou six mois», dit-elle.

Mais à l'écouter, on a le fort sentiment que cette fois, elle bougera.

«Pour l'instant, je fais office de [directrice générale], dit-elle. Idéalement, j'aimerais que nous trouvions la bonne personne et que je sois là pour lui donner les indications à la direction.»

Autrement dit, elle pourrait rester à titre de conseillère spéciale, suggère-t-on. «Oui, ce serait envisageable», dit-elle.

Mme Cauchard avance même que des candidats potentiels ont été pressentis. «Oui, nous avons discuté avec des gens de façon informelle. C'était du «tâtage» de terrain», lance-t-elle, avant de proposer qu'une personne avec un profil différent du sien pourrait apporter un nouveau souffle.

«Ce que j'aime dans mon travail, c'est lorsque je découvre un film d'un réalisateur inconnu. Tout l'aspect protocolaire, l'esbroufe des festivals, m'intéresse moins. Ma photo n'est même pas sur le site internet du FFM. Il y a deux types de personnes, les task oriented et les people oriented dans ce domaine. Je suis une task oriented, mais peut-être qu'on devrait trouver une personne plus people, quelqu'un de plus versé dans les relations publiques.»

Depuis les débuts

Le FFM en sera à sa 38e édition lorsqu'il s'amorcera, le 21 août prochain. Mme Cauchard y est associée depuis les débuts. Elle travaillait avec Serge Losique au département de cinéma de l'Université Concordia au moment de sa création.

Outre la lourdeur des années évoquées plus haut, elle n'avance aucune autre raison précise pour vouloir partir. Est-elle encore en bons termes avec M. Losique? «La nature de Serge Losique, je la connais depuis longtemps», dit-elle en éclatant de rire. Plus sérieuse, elle ajoute: «M. Losique n'est pas un homme de détails. Il ne passe pas son temps penché au-dessus de votre épaule à regarder ce que vous faites. Il donne des directives, il délègue. Il lance des idées et c'est à vous de les attraper.»

Quelle est la santé financière du festival? «Nous avons été fragilisés par cette histoire de tentative de créer un autre festival, dit-elle à propos de l'expérience unique du Festival international de films de Montréal, dirigé par Spectra en septembre 2005. Et notre niveau de financement est deux fois moins élevé qu'il y a dix ans.»

Donc, pour l'instant, Danièle Cauchard reste à la barre du FFM. «J'ai passé le week-end à regarder des films turcs», dit-elle. La question est de savoir pour combien de temps encore.