Au moins une vingtaine de réalisateurs, de créateurs et de journalistes n'ont pu venir au Festival des films du monde de Montréal (FFM) en raison de la grève des employés des ambassades canadiennes qui retarde l'émission de visas, a indiqué la directrice du festival, quelques jours après sa clôture.

C'est une situation qui affecte la réputation du Canada à l'étranger, estime Danièle Cauchard, la directrice générale du FFM, contactée par La Presse Canadienne.

Sans compter que de nombreux artistes ont manqué de précieux moments, alors que leurs oeuvres étaient présentées et applaudies, mais sans eux, ajoute-telle.

Le réalisateur polonais Maciej Pieprzyca du long métrage qui a raflé les honneurs, et notamment remporté le Grand prix des Amériques - La vie est belle - n'a pu être présent pour recevoir ses trois prix. Il était toutefois venu présenter son film au début du festival, puis reparti dans son pays. Il a voulu revenir pour la cérémonie de remise des prix, mais le visa n'avait été délivré que pour une seule entrée au pays. Il n'a pu le faire renouveler à temps.

Certains sont arrivés à la toute dernière minute, le dernier jour du Festival, comme l'équipe turque du film Le long chemin vers la maison. Juste à temps pour recevoir ses deux distinctions, relate Mme Cauchard.

Un journaliste russe, membre du jury de la presse internationale, n'a pas non plus réussi à obtenir le visa pour se rendre en sol canadien.

Mme Cauchard croit qu'entre 20 et 30 personnes n'ont pu obtenir leur document de voyage à temps: parmi eux, plusieurs Turcs, Polonais, Philippins, Iraniens, Chinois et Russes.

«C'est triste pour ces gens-là. Pour la plupart de ces gens, ils avaient la première de leur film. Ils ont été privés d'un moment précieux», relate-t-elle.

«Et nous, on se retrouve avec leur film, mais sans eux.»

«On recevait des courriels désespérés», rapporte la directrice générale du festival qui a eu lieu cette année du 22 août au 2 septembre.

C'est ce qui avait poussé le FFM à publier un communiqué, à la mi-août, lorsque leurs invités ont commencé à éprouver des difficultés.

«Il est très dommageable pour la réputation du Canada et du FFM que des artistes et artisans du cinéma mondial ne puissent assister à cet événement culturel de tout premier ordre», était-il alors écrit.

Mme Cauchard se demande pourquoi le conflit de travail perdure depuis aussi longtemps.

Le gouvernement conservateur est en conflit de travail avec les 1350 membres de l'Association professionnelle des agents du service extérieur (APASE). Au coeur du litige, les salaires, que les diplomates jugent clairement plus bas que leur équivalent dans d'autres sphères de la fonction publique. Le gouvernement estime de son côté avoir présenté au syndicat une offre «juste et raisonnable pour les employés et pour les contribuables».

Des grèves tournantes dans les 15 plus grands centres de traitement de visas du Canada à l'étranger sont en cours depuis avril et retardent notamment l'émission des visas.

La convention collective des agents des Affaires extérieures est échue depuis deux ans.