Pour sa première présence au TIFF, Claude Lelouch est arrivé avec l'un de ses meilleurs films des récentes années. On ne peut malheureusement pas en dire autant de Tom Hooper.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Claude Lelouch n'avait encore jamais mis les pieds au TIFF. C'est ce qu'a annoncé le directeur artistique Cameron Baily en présentant le cinéaste à la foule, venue en grand nombre assister à la première internationale de Un + une au Winter Garden.

Sur scène, Claude Lelouch était accompagné des trois vedettes de son nouveau film : Jean Dujardin, Elsa Zylberstein et Christophe Lambert. Lancé récemment au Festival du film francophone d'Angoulême, Un + une découle, selon les dires du cinéaste, d'une volonté de faire le point sur la question amoureuse.

Si l'on se fie au nombre de spectateurs présents à cette projection, force est de constater que l'étoile de Lelouch ne semble pas avoir pâli du tout auprès de nos compatriotes anglo-saxons. La simple mention du titre phare dans la filmographie du réalisateur - Un homme et une femme, bien sûr - suffit à provoquer de beaux gloussements collectifs dans la salle.

Moments de grâce

Un + une est sans doute à inscrire parmi les plus belles réussites de Lelouch au cours des récentes années. Bien entendu, on trouvera souvent certains traits plus appuyés, mais la force du cinéma de Lelouch réside surtout dans cette façon de capter des moments de grâce. Il se trouve qu'avec un homme aussi charismatique que Jean Dujardin devant la caméra et une partenaire de jeu - Elsa Zylberstein - à la hauteur, ces instants magiques transcendent une histoire dont les ficelles sont parfois très grosses.

On sera ainsi témoin de l'attirance progressive qui s'installe entre Antoine (Jean Dujardin), compositeur de musique de film (venu en Inde pour travailler avec l'un des éminents cinéastes du pays), et l'épouse de l'ambassadeur de France (Elsa Zylberstein). L'homme est un séducteur invétéré qui cherche à ne jamais s'attacher ; la femme est en pleine crise existentielle. Et entraînera Antoine dans une quête spirituelle à laquelle il ne croit pas du tout.

Après la projection, l'équipe du film s'est prêtée au traditionnel exercice de l'échange avec le public. Malgré quelques présences dans des films américains - et un Oscar en poche -, Jean Dujardin a manifestement toujours autant de mal avec la langue de Shakespeare.

Aussi a-t-il bien fait rire l'auditoire quand il s'est mis à mimer les propos qui sortaient de la bouche de la traductrice en se plaçant devant elle. Visiblement ravi de son expérience, le célèbre interprète d'OSS 117 n'a pas tari d'éloges envers le cinéaste.

«Ce film, c'est tout ce que j'attends depuis très longtemps, a-t-il déclaré. Je n'avais encore jamais eu l'occasion de jouer comme ça au cinéma. Il y a quelque chose de très libérateur dans l'approche de Claude. J'espère retravailler avec lui, qu'il fera encore 50 films!»

Fidèle à son habitude, le cinéaste a d'abord vanté les qualités humaines de ses acteurs. «On a plus "vécu" une histoire que "tourné" une histoire, a-t-il dit. Je voulais plus qu'ils ressemblent à des hommes et des femmes dans la vie qu'à des comédiens dans un film.»

Un + une prendra l'affiche en France au mois de décembre. Sauf erreur, le film n'a pas encore de contrat de distribution au Québec.

Lili anyways...

À n'en pas douter, l'histoire de Lili Elbe suscite l'intérêt. Dans les années 20, près de 100 ans avant Caitlyn Jenner, le peintre danois Einar Wegener fut en effet le premier individu à subir une opération pour changer de sexe. Appuyé par sa femme (Alicia Vikander) - elle aussi peintre -, Einar deviendra Lili, non sans créer l'émoi qu'on peut imaginer dans le contexte social de l'époque.

Eddie Redmayne, lauréat de l'Oscar du meilleur acteur cette année grâce à sa performance dans The Theory of Everything, livre cette fois encore une composition de tout premier ordre. On aurait aimé que le cinéaste britannique Tom Hooper (The King's Speech, Les Misérables) en fasse autant du côté de la réalisation.

The Danish Girl fait en effet partie de ces films édifiants qui manquent un peu de ferveur et de folie dans l'approche. On nous propose ici un film de «qualité anglaise» qui évoque un drame intime et personnel sans vraiment chercher à aller au-delà de la trame narrative classique. Ni à surprendre sur le plan de la mise en scène. En outre, le film est plombé par une approche des plus hollywoodiennes dans son traitement.

The Danish Girl devrait en principe prendre l'affiche au Québec au mois de décembre.