L'actrice oscarisée américaine Reese Witherspoon, tournant le dos aux rôles d'ingénue qui l'ont propulsée au firmament d'Hollywood, a monopolisé lundi les écrans du Festival du film de Toronto avec deux drames dans lesquels marcher est la seule option pour vivre ou se reconstruire.

Son rôle dans Wild de Jean-Marc Vallée, chaleureusement accueilli lundi par les professionnels, pourrait en faire une sérieuse candidate aux prochains Oscars.

«Vous ne décidez jamais de faire un film parce qu'il peut gagner une récompense. Je n'y pense même pas, cela ne me traverse pas l'esprit», a déclaré à la presse l'actrice de 38 ans, couronnée en 2006 de l'Oscar de la meilleure actrice pour Walk the Line.

«Le plus important (dans Wild) était de rendre hommage à Cheryl Strayed (auteur du récit autobiographique qui a inspiré le film) et qu'elle soit contente du film. C'est le plus beau des cadeaux», a ajouté l'actrice qui a accepté de jouer sans aucun maquillage.

Et «si ce film peut aider une autre personne traversant une mauvaise passe, c'est encore un cadeau», a encore dit Reese Witherspoon, coproductrice du film.

Dans son ouvrage à succès, Cheryl Strayed a raconté sa marche de 1700 km sur le Pacific Coastal trail, un parcours de grande randonnée dans un Ouest américain sauvage et d'une beauté à couper le souffle.

Wild raconte l'histoire de cette femme qui, en quelque sorte, s'en remet à la nature pour se reconstruire après la mort d'une mère tant aimée et brutalement disparue, un divorce difficile et un passé de toxicomane.

Novice jusqu'à se lester d'un sac à dos beaucoup trop chargé, bourré de choses pas forcément utiles, elle devra affronter seule ses démons et aller au bout de ses forces.

Autre facette de l'actrice

Alternant le passé (avec des scènes furtives, mais explicites de sexe et de drogue) et le présent, le film de Jean-Marc Vallée (Dallas buyers club) montre une autre facette de la comédienne qui a débuté sa carrière à 14 ans et enchainé les rôles dans différents registres, du policier à la comédie romantique en passant par le thriller horrifique (Americain psycho) ou le drame dans Mud.

Mais c'est bien sûr son rôle de gentille bimbo dans Legally blonde (et sa suite) qui a fait connaître dans le monde entier ce petit bout de femme plein d'énergie.

Avouant lundi avoir «beaucoup de chance» de recevoir de nombreuses propositions de films, elle a aussi expliqué qu'elle n'aurait pas accepté le rôle de Carrie dans The Good Lie, projeté également lundi, si le scénario avait été centré sur son rôle.

«L'important était de raconter leur histoire à eux», a-t-elle dit en allusion à l'histoire, inspirée par des faits réels, racontant ici le parcours de quatre orphelins soudanais rescapés d'une attaque de leur village qui ont parcouru près de 1000 kilomètres à pied pour rejoindre un camp de réfugiés des Nations unies.

Treize ans plus tard, devenus de jeunes adultes, ils obtiennent le droit d'émigrer aux États-Unis.

Le réalisateur québécois Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar) s'est lui-même rendu il y a une dizaine d'années au Soudan dans l'idée de tourner un documentaire avant de devoir en repartir, car «c'était devenu dangereux».

Reese Witherspoon a rapporté une conversation avec lui dans laquelle il lui disait: «Je t'apprécie beaucoup et je te respecte, mais ce film n'a rien à voir avec toi: ça parle des Soudanais et ça me plaît!».

Les acteurs d'origine soudanaise du film ont ému la salle en racontant que lire le scénario et faire le film avait été «très dur». «C'était comme lire ma propre histoire», a déclaré Emmanuel Jal.

«Mon voyage a été très long avant d'arriver aux États-Unis», a témoigné Ger Duany. «Je fais partie de ces enfants qui ont marché vers l'Éthiopie. Pendant cette longue marche, on ne pensait pas qu'on aurait quelque chose à offrir au monde, on cherchait juste de l'aide».