Le Festival du film de Toronto a ouvert ses portes jeudi, pour dix jours de fête dédiés au 7e art, avec ses stars rêvant déjà d'Oscars et une ribambelle de longs métrages européens et asiatiques en quête de distributeurs pour le marché américain.

Le coup d'envoi a été donné en soirée avec le film The Judge de David Dotkin, avec Robert Downey Jr, des films à succès Iron man et autres Avengers, et Robert Duvall, où le premier, avocat, va devoir défendre son magistrat de père avec qui il est brouillé, parce qu'il est accusé de meurtre.

«J'aime l'idée qu'il y ait tellement d'adultes qui agissent toujours comme des enfants avec leur famille», a expliqué Robert Downey Jr à la télévision canadienne.

Downey, Duvall et le reste de la distribution ont été très applaudis à leur arrivée pour la projection.

Celle réunissant la presse et la profession juste avant a reçu un accueil réservé. Les premières critiques publiées dans la foulée sont plus tendres envers les acteurs qu'avec le scénario.

D'ici au 14 septembre, d'autres stars fouleront le tapis rouge du plus grand festival nord-américain comme Al Pacino, de retour du festival de Venise, Keira Knightley, John Cusack, John Travolta, Julianne Moore ou Jake Gyllenhaal.

L'Américaine Reese Witherspoon, Oscar de la meilleure actrice en 2006 pour Walk the line, défendra deux films à Toronto: Wild, du Canadien Jean-Marc Vallée, et The good lie, d'un autre Québécois, Philippe Falardeau.

Deux prestations qui pourraient éventuellement lui valoir une nouvelle statuette alors que Toronto, festival sans compétition officielle mais doté d'un prix du public, est un excellent baromètre avant la saison des Oscars.

L'an dernier, 12 years a slave, de Steve McQueen, prix du public dans la métropole canadienne, avait raflé trois Oscars dont celui du meilleur film. Dallas buyers club, de Jean-Marc Vallée, en avait également remporté trois.

Chez les acteurs, les rumeurs vont déjà bon train concernant Benedict Cumberbatch, héros de The imitation game, d'après l'histoire vraie édifiante de Alan Turing, mathématicien anglais qui aida à percer le code de l'outil de communication des Nazis.

300 films, 10 jours

D'autres biographies figureront parmi les quelque 300 films à l'affiche, dont 37 premières mondiales et 85 premières nord-américaines.

L'Europe arrivera en force pour cette 39e édition emmenée par la France qui affiche le nombre record de 50 films en sélection, qu'il s'agisse de productions purement hexagonales ou de coproductions.

François Ozon (Dans la maison, Jeune et Jolie, Potiche) viendra par exemple dévoiler son nouvel opus Une nouvelle amie. Régis Wargnier (Indochine) présentera Le temps des aveux, pour une plongée dans le Cambodge des Khmers rouges d'après le roman de l'anthropologue François Bizot (Le portail).

Eric Toledano et Olivier Nakache seront là avec leur acteur fétiche Omar Sy, tiercé gagnant du phénomène Intouchables en 2011, deuxième film français le plus vu de tous les temps en France. À leur actif cette fois Samba, avec au générique également Charlotte Gainsbourg et Tahar Rahim.

Sont également annoncés Laurent Cantet, Mia Hansen-Love, Céline Sciamma ou encore Pascale Ferran, à qui un hommage sera rendu.

Chez les voisins européens, il faudra compter avec l'Allemand Christian Petzold, «Phoenix», la Danoise Susanne Bier, A Second chance, l'Espagnol Carlos Vermut, Magical girl, et le Britannique Alan Rickman, à la fois réalisateur et acteur dans A Little Chaos avec Kate Winslet, film présenté en clôture du festival.

Le Proche et le Moyen-Orient avec ses guerres et drames humains seront encore largement évoqués, d'un écrivain à la recherche d'un frère disparu qu'il espère libérer de la coupe de jihadistes (The narrow frame of midnight) à l'odyssée d'une famille irakienne du colonialisme à la chute de Saddam Hussein (Iraqi odyssey).

L'Asie sera pour sa part représentée par un important contingent de réalisateurs chinois, hongkongais et taïwanais: Zhang Yimou (Coming Home), Ning Hao (Breakup Buddies), Peter Chan (Dearest) et Wang Xiaoshuai (Red Amnesia). Le Festival du film de Toronto (TIFF) accueillera parallèlement un Sommet du film asiatique.

Outre une confrontation avec le public, tous ces films viennent chercher des distributeurs aux Etats-Unis, marché très convoité mais difficile d'accès pour les oeuvres en langues étrangères. Toronto au fil des éditions s'est néanmoins imposé comme une place incontournable pour le business, derrière Cannes notamment.