Empruntant la forme d'un immense marché de luxe, le Festival international du film de Toronto approche, promettant son lot de films, de vedettes, de tapis rouges, de soirées mondaines et de transactions d'affaires.

Les statistiques donnent chaque fois un peu le vertige. Même si Cannes trône toujours au sommet de la hiérarchie festivalière, le TIFF, considéré comme le deuxième festival de cinéma en importance dans le monde, impressionne par son gigantisme.

Hollywood ayant depuis longtemps fait de l'événement sa rampe de lancement privilégiée pour les productions potentiellement destinées à concourir dans la course aux Oscars, le TIFF est un rendez-vous incontournable pour tous les intervenants de l'industrie du cinéma. Qui viennent du monde entier pour y brasser de grosses affaires.

Les professionnels de passage et les cinéphiles torontois pourront voir cette année une sélection de 393 films (285 longs métrages et 108 courts), venus de 79 pays, choisis parmi les 5671 productions ayant été soumises aux différents comités de sélection.

La dynamique du TIFF est toutefois bien différente de celle des autres grands festivals de cinéma. Il n'y a point de compétition ici. Donc, pas de palmarès officiel déterminé par un jury. À vrai dire, le festival de Toronto emprunte davantage les allures d'un immense marché de luxe dans lequel les 393 films, tous de grande qualité, sont mis en vitrine.

Il convient d'ailleurs de souligner qu'en pratique, deux festivals se déroulent parallèlement dans la Ville reine. L'un est réservé au grand public, qui s'arrache les billets très tôt (plusieurs séances se déroulent à guichets fermés). L'autre est destiné aux professionnels de l'industrie et des médias qui, eux, s'arrachent les cheveux pour construire leur «planning». La programmation est la même pour tout le monde, mais les deux groupes ont leur horaire distinct, et même un réseau de salles différent. Ils ne se croisent pour ainsi dire jamais.

Alors que défileront les 31 038 minutes de projections pendant les 11 jours que durera le TIFF, les grands hôtels de la ville bourdonneront d'activités.

À certains étages, les professionnels se rencontreront pour négocier ou conclure des ententes. Aux autres, les stars assureront le service après-vente auprès des médias en enchaînant des entrevues chronométrées toutes les 15 minutes.

Dans les couloirs, relationnistes et journalistes frôleront souvent la crise de nerfs. Au TIFF, il y a tellement de films, tellement de vedettes, tellement trop de tout, que tout le monde vire forcément un peu fou.

Le Québec est bien présent

À l'instar de toutes les cinématographies du monde, la cinématographie québécoise tente de bien se faire valoir au TIFF.

Pas moins de neuf longs métrages d'ici ont été retenus dans la sélection, parmi lesquels six seront présentés en primeur mondiale. Xavier Dolan sera en outre particulièrement mis en évidence. L'auteur-cinéaste, lauréat du prix du jury du Festival de Cannes plus tôt cette année, se rendra en effet dans la Ville reine pour offrir en «présentation spéciale» son long métrage Mommy.

De plus, il accompagnera la projection d'Elephant Song, un film de Charles Binamé dont il est la tête d'affiche.

Deux autres films québécois ont été retenus dans la même catégorie, soit le plus récent opus de Denys Arcand Le règne de la beauté, sorti en salle au Québec au mois de mai, de même que Preggoland, le nouveau long métrage du Montréalais Jacob Tierney (The Trotsky).

Le film de Stéphane Lafleur Tu dors Nicole, présentement à l'affiche au Québec, sera présenté au TIFF dans la section Contemporay World Cinema.

C'est aussi dans cette catégorie que nous retrouvons en primeur mondiale deux autres productions québécoises: Félix et Meira, le nouveau film de Maxime Giroux (Jo pour Jonathan) et L'amour au temps de la guerre civile de Rodrigue Jean (Full Blast, Hommes à louer). Le nouveau film de Mathieu Denis Corbo, une autre primeur mondiale, a de son côté été retenu dans la catégorie Discovery, et la grande documentariste Alanis Obomsawin proposera sa nouvelle offrande Trick or Treaty dans la série Masters.

Rappelons par ailleurs que les cinéastes québécois Jean-Marc Vallée et Philippe Falardeau seront aussi de la fête torontoise avec leurs films américains, Wild et The Good Lie.

Le 39e TIFF a lieu du 4 au 14 septembre. Nous y serons.