Le plus grand festival du film d'Amérique du Nord qui s'ouvre jeudi à Toronto s'attaque cette année à des sujets graves, entre les conflits internationaux et l'arrivée de la génération du baby boom à l'âge où la mort n'est plus loin.

«C'est notre édition la plus diversifiée depuis toujours, avec la présence de 72 pays», a noté l'un des directeurs du Festival international du film de Toronto (Tiff) Cameron Bailey dans une interview accordée à l'AFP. «Il y a aussi plein de nouveaux réalisateurs» et 146 premières mondiales.

Les festivals se livrant une concurrence acharnée, ils cherchent à attirer un maximum de lancements d'oeuvres inédites.

Cette année, Toronto accueille ceux d'Argo de Ben Affleck qui évoque la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran en 1979, d'English Vinglish avec le retour de la plus grande vedette indienne, Sridevi, de Silver Linings Playbook, une comédie familiale avec Robert De Niro, et de Caught in the Web de Chen Kaige, sur un phénomène d'actualité, le harcèlement sur internet.

De nombreux cinéastes ont tourné leurs caméras vers les récents conflits au Sri Lanka, au Proche-Orient et ailleurs, cherchant à les faire mieux comprendre au grand public.

Le festival de Toronto a répondu présent, faisant suivre les projections de débats avec des experts éminents, tels la politologue Janice Stein ou l'ancien dirigeant libéral canadien Michael Ignatieff, «pour aller au fond des choses», a dit Bailey.

Les invités du festival pourront voir aussi un documentaire dressant le portrait d'un homme évadé d'un camp de travail nord-coréen (Camp 14), la question de l'État palestinien (State 194) et des interviews avec les anciens chefs du renseignement israélien Shin Bet (Gatekeepers).

A côté de ces questions politiques, le public de Toronto sera confronté aussi à un nombre croissant de films sur la vieillesse et la mort, probablement à cause de l'arrivée du baby boom à l'âge où ces questions se font de plus en plus présentes, a relevé M. Bailey.

Documentaires musicaux

Ainsi, Dustin Hoffman vient présenter son nouveau film Quartet sur un groupe de musiciens menacé par la maladie de l'un d'entre eux.

Le film fermant le festival, Song For Marion, touche un sujet voisin, racontant l'amour d'un retraité aigri pour sa femme qui tombe malade.

Le succès, l'année dernière, de documentaires musicaux sur U2, Pearl Jam et Neil Young, a inspiré des oeuvres dans la même veine faisant apparaître Jared Leto et son groupe Thirty Seconds to Mars dans Artifact, le rappeur Snop Dogg (devenu récemment Snoop Lion) dans Reincarnated, ou encore racontant la création de l'album Bad de Michael Jackson dans Bad 25 de Spike Lee.

Le festival de Toronto démarre jeudi soir par la projection du thriller futuriste Looper avec Bruce Willis, Joseph Gordon Levitt et Emily Blunt, et se poursuit jusqu'au 16 septembre avec 289 grands films et 83 courts métrages.

Le plus grand événement du genre en Amérique du Nord, il sert traditionnellement de rampe de lancement pour les studios partant à la chasse aux Oscars.

Selon Cameron Bailey, l'industrie du film en est encore à «sortir en rampant» de la récession des années 2008-2009 qui avait vu une forte chute des ventes de droits de distribution à Toronto. Mais cela n'enlève rien à la splendeur du spectacle.

Cette année encore, une procession de stars, dont Jackie Chan, Tom Hanks, Halle Berry, Bill Murray, Robert Redford, Robert De Niro, Colin Firth, James Franco, Adam Sandler, Salman Rushdie, Will Smith et Johnny Depp, devraient fouler le tapis rouge.