Après Fatima, César du meilleur film en 2016, Philippe Faucon revient avec une nouvelle histoire d'immigration dans Amin, un film sensible dépeignant la vie entre deux continents de ceux qui travaillent sur des chantiers.

Présenté mardi à la Quinzaine des réalisateurs (comme Fatima trois ans plus tôt), Amin se concentre sur la personne de ce Sénégalais taiseux (interprété par une découverte, Moustapha Mbengue), qui gagne sa vie sur des chantiers le jour et rejoint son foyer de travailleurs le soir.

Mais le film, loin de se limiter à ce personnage principal, parle aussi d'autres hommes écartelés comme lui entre deux mondes, de ceux qui restent au pays - Aïcha, la femme d'Amin, ses enfants, ses frères - et tous ceux qui comptent sur lui économiquement.

«C'est l'histoire de ces hommes qui sont là pour le travail et jouent donc un rôle important dans la société dans laquelle on vit, tout en étant à sa marge et dans l'ombre», indique Philippe Faucon à l'AFP.

Solitude, frustration, absence de vie personnelle, il montre avec pudeur le quotidien de ces hommes sans réelle perspective d'avenir mais indispensables pour assurer les besoins de leur famille au loin.

«Ce n'est pas de la sociologie mais on essaie de mettre en lumière quelque chose d'assez mal connu» et peu montré à l'écran, souligne le réalisateur. «Jusqu'ici, l'histoire (de ces hommes) a été racontée d'un seul angle, alors que les deux parties (en France et dans leur pays d'origine) font partie de leur vie».

Tourné entre la France et le Sénégal, le film sort des sentiers battus en imaginant une histoire entre Amin et Gabrielle (Emmanuelle Devos), une femme divorcée chez qui il a fait des travaux. «L'histoire de deux solitudes qui se rencontrent», dit le réalisateur.

Pour «Amin», Philippe Faucon a mélangé acteurs professionnels, débutants et amateurs. «Ce n'est pas simple de trouver des personnages qui viennent d'ailleurs, qui ne parlent pas forcément bien français. On en trouve aujourd'hui dans les agences de casting, mais il y a vingt ans, on en trouvait très peu», souligne ce héraut de la diversité à l'écran.

Ces acteurs «sont apparus dans les agences car ils sont apparus dans les films», souligne le cinéaste, qui avait rencontré le succès avec Fatima, portrait touchant d'une femme de ménage maghrébine, élevant seule ses deux filles.