C'est «peut-être le film le plus long de l'histoire du festival de Cannes»: Les âmes mortes, du Chinois Wang Bing, a proposé mercredi aux festivaliers une plongée en apnée de... 8h16 dans les violences de la Révolution culturelle.

«J'ai commencé à travailler sur ce projet de documentaire en 2005», a expliqué le réalisateur chinois aux quelque 200 spectateurs venus voir son film dans la salle du Soixantième: «Je ne savais pas alors à quoi j'aboutirais, car il me fallait du temps pour recueillir tous ces témoignages, à travers le pays. Et c'est à partir de 2014 que les choses se sont éclairées sur l'organisation du film au niveau de la narration».

En lice à Cannes pour l'Oeil d'or du meilleur documentaire, le film de Wang Bing, au titre emprunté au romancier russe Nicolas Gogol, débute par un long plan de 40 minutes, avec un seul mouvement de caméra.

En présentant ce documentaire, le délégué général Thierry Frémaux a estimé qu'il s'agissait «peut-être» du «film le plus long de l'histoire du festival de Cannes».

«C'est une autre expérience de cinéma, l'investissement du spectateur est plus important, le spectateur est réellement mis à l'épreuve», a expliqué à l'AFP l'un des spectateurs, Pierre de la Forest, étudiant en cinéma à Paris 1 Sorbonne.

Visiblement, pour Luciano Monteagudo, journaliste argentin, cette durée marathon n'était pas un problème: «Il y a trois semaines, au festival de cinéma de Buenos Aires, j'ai vu La Flor, de Mariani Llinas, une oeuvre de 14 heures!»

Martine Buisson, retraitée de l'Éducation nationale, où elle a enseigné l'anglais et le cinéma, à Nîmes et Hyères, était elle plus inquiète au début de la séance: «Ça me fait un peu peur, je ne suis pas certaine de tenir...». Une inquiétude finalement confirmée: à 15h15, après l'heure de pause accordée aux spectateurs, à la mi-temps du documentaire, elle faisait partie de la petite centaine de spectateurs à avoir abandonné.