«J'aimerais jouer un homme au cinéma. Pour une actrice, c'est le stade ultime du jeu», a confié vendredi l'actrice française Isabelle Huppert qui présidera le 23 mai la grande soirée anniversaire du 70e Festival de Cannes, en présence de lauréats de la Palme d'or.

«Les rôles sont l'occasion de loger sa petite histoire, et d'envisager le cinéma comme à la fois une cache et une projection. L'écran projette, mais on se cache aussi derrière lui», a estimé l'actrice lors d'une conférence sur la place des femmes dans le cinéma.

«Le cinéma donne la possibilité à un acteur d'être parfois plus proche de soi dans l'artifice, mais on n'est pas forcement plus faux dans l'artifice. C'est un paradoxe tout à fait confortable», a ajouté Isabelle Huppert lors de ce rendez-vous «Women in Motion» organisé par le groupe français de luxe Kering.

Récompensée deux fois à Cannes par le prix d'interprétation pour Violette Nozière (1978) et La Pianiste (2001), l'actrice a fait remarquer qu'elle avait souvent joué «des femmes qui luttaient pour leur liberté, des combattantes qui exprimaient à la fois force et vulnérabilité, déterminées à conquérir leur liberté en échappant à leur sort».

«Je n'ai pas besoin d'aimer ou de ne pas aimer un personnage. Le cinéma n'a pas forcément vocation à présenter la face aimable des gens et du monde, mais au contraire de montrer ce qui est difficilement avouable, même si le cinéma sait aussi célébrer les beaux sentiments», a souligné Isabelle Huppert, «préférant les chemins de traverse à aux lignes droites» Interrogée sur le sexisme dans le cinéma, l'actrice a confié «avoir toujours réussi à se mettre dans une position où elle n'a pas été en position de le subir».

«De loin, je repère assez bien les dangers... Je n'aurais pas supporté être l'objet de sexisme, mais je sais que ça arrive à d'autres», a-t-elle dit.

Isabelle Huppert a par ailleurs confié qu'elle aimerait tourner sous la direction du réalisateur espagnol Pedro Almodovar qui préside le jury du 70e Festival de Cannes. «Son cinéma possède à la fois une dimension de roman photo et des personnages d'une extraordinaire profondeur», a-t-elle souligné.

En juin, Isabelle Huppert est attendue en Chine pour des lectures de L'Amant de Marguerite Duras, notamment à Pékin et Shanghaï : «Je lis pas mal le Marquis de Sade actuellement. Les Chinois ont préféré Marguerite Duras...».