Les films récompensés à Cannes doivent sortir en salles, a affirmé mercredi le président du jury du festival, Pedro Almodovar, mettant la pression sur Netflix dont deux films sont pour la première fois en compétition.

«Ce serait un énorme paradoxe que la Palme d'or ou un autre prix à un film ne puisse pas être vu en salles», a estimé le réalisateur espagnol lors de la conférence de presse du jury, alors que le géant américain ne prévoit pas de sortie dans les salles françaises pour les deux films en question.

«Tout ça ne signifie pas que je ne suis pas ouvert aux nouvelles technologies ou à tout ce que ces technologies nous apportent», a-t-il souligné, en lisant un communiqué devant la presse à quelques heures de l'ouverture de la 70e édition du festival.

«À mon sens, ce qui est déterminant lorsqu'on voit un film pour la première fois, c'est la taille de l'écran: la taille ne devrait pas être plus petite que la chaise sur laquelle vous êtes assis. Il faut vraiment avoir le sentiment d'être humble et petit par rapport au grand écran», a insisté le réalisateur espagnol de 67 ans, habitué de la Croisette.

«La seule solution est que les nouvelles plateformes acceptent les règles en place (... et) notamment aussi toutes les règles financières ou fiscales», a-t-il encore souligné.

Pour la première fois, deux films financés et/ou distribués par Netflix (The Meyerowitz Stories de l'Américain Noah Baumbach et Okja du Sud-Coréen Bong Joon-Ho) sont en lice pour la Palme d'or.

Une situation qui crée la polémique dans le milieu du septième art, secoué par ce nouvel arrivant en concurrence avec les salles de cinéma.

En France, le débat a enflammé les distributeurs, inquiets que les films Netflix ne sortent pas en salles ou ne respectent pas la réglementation, qui impose un délai de trois ans avant qu'un film puisse être disponible sur une plateforme de vidéo à la demande par abonnement.

Face au tollé, les organisateurs du festival de Cannes ont déjà modifié leur règlement, imposant à partir de 2018 que tout film en compétition sorte en salles.

Intervenant dans le débat, l'acteur américain Will Smith, membre du jury, a eu une position plus modérée et n'a pas hésité à défendre la plateforme aux 100 millions d'abonnés dans le monde.

«Netflix n'empêche pas des jeunes d'aller voir des films en salle. Il y a des films qu'ils préfèrent voir à la maison», a-t-il estimé lors de la même conférence de presse.

Prenant en exemple ses enfants, il a estimé que Netflix peut être «utile» pour qu'ils découvrent «des films qu'ils n'auraient pas pu voir autrement».

Celui qui a longtemps été à l'écran le «prince de Bel Air» tiendra le premier rôle de Bright, un film Netflix réalisé par David Ayer et dont la diffusion est prévue en fin d'année.