C'est un peu comme si l'univers de Gus Van Sant, façon Elephant et Paranoid Park, avait croisé celui du portraitiste Larry Clark. Le plus étonnant dans American Honey est de constater que ce portrait d'une Amérique pauvre et désoeuvrée - mais battante malgré tout - est dessiné par une Européenne. Rares sont les cinéastes venus de l'étranger ayant réussi à plonger dans l'américanité de façon aussi organique, aussi juste.

Andrea Arnold, déjà primée à Cannes grâce à Red Road (Prix du jury en 2006) et Fish Tank (Prix du jury en 2009), s'est inspirée d'un road trip qu'elle avait fait elle-même aux États-Unis pour écrire et réaliser ce film qui s'inscrit parfaitement dans l'époque. American Honey est interprété par une bande de nouveaux venus épatants, auxquels s'ajoute l'électron libre Shia LaBeouf.

Ainsi, une très jeune femme nommée Star (formidable Sasha Lane) voit peut-être s'ouvrir devant elle une nouvelle option de vie le jour où elle tombe par hasard sur une bande de jeunes qui ont l'air de s'amuser tout en gagnant des sous. Sa décision de se joindre au groupe viendra quand, toujours par hasard, Jake, le leader du groupe (Shia LaBeouf), la repère et tente de la séduire dans un supermarché en dansant sur les caisses au son d'un tube de Rihanna.

PHOTO ANNE-CRHSITINE POUJOULAT, AFP

L'acteur Shia LaBeouf lors de la séance photo de l'équipe d'American Honey.

Il appert que ce groupe parcourt les routes du Midwest en dévorant les kilomètres pour tenter de vendre des magazines à d'éventuels clients, peu importe où ils se trouvent. Ce milieu de travail n'est bien entendu qu'un prétexte pour explorer la dynamique qui s'installe à l'intérieur d'un groupe formé d'individus sans attaches, souvent de jeunes laissés-pour-compte, qui se trouvent là une nouvelle famille.

Vibrant d'énergie

Les rapports entre ces individus sont bruts, parfois brutaux, mais il se dégage néanmoins du portrait que dessine Andrea Arnold une énergie vibrante, à laquelle une trame musicale d'enfer fait aussi écho.

Dans le rôle du leader charmeur mais aussi pétri de zones d'ombre, Shia LaBeouf propose ici l'une de ses meilleures compositions. Face à lui, la jeune Sasha Lane en impose, tout comme Riley Keough (oui, la petite-fille d'Elvis et Priscilla) dans le rôle de la patronne de l'entreprise.

D'une durée de près de trois heures, American Honey aurait sans doute pu être resserré. Cela dit, il aurait été dommage d'écourter un road trip aussi riche.

Distribué par Focus Features, le film d'Andrea Arnold aura assurément droit à une distribution chez nous. Aucune date de sortie n'est toutefois fixée.