Le cinéaste italien Marco Bellocchio a ouvert, jeudi soir, la Quinzaine des réalisateurs à Cannes avec Fais de beaux rêves, un film émouvant qui parle du deuil, de l'enfance et de la douleur infinie que peut représenter la perte d'une mère.

«Difficile de parler du film avant que vous l'ayez vu», a déclaré à la salle Marco Bellocchio, 76 ans, avant de dire en italien «è aperta» («c'est ouvert»), pour donner le coup d'envoi de la 48e Quinzaine des réalisateurs, section parallèle au Festival de Cannes, non compétitive.

Ovationné pendant de longues minutes après la projection, Fais de beaux rêves (Fai bei sogni) est tiré du roman éponyme et autobiographique du journaliste italien Massimo Gramellini.

Tourné à Turin, le film sortira sur les écrans français à la fin de l'année.

Il raconte avec de multiples allers-retours entre les années 60 et les années 90, l'histoire de Massimo (Valerio Mastandrea), un quadragénaire qui n'a jamais accepté la mort de sa mère, survenue alors qu'il avait 9 ans, et dont sa famille lui a toujours caché la cause.

«Un infarctus foudroyant», lui ont toujours dit ses proches, à commencer par son père, qui n'a jamais eu le courage de lui dire la vérité.

Massimo n'accepte pas cette explication, ni la réalité. «Sors de là, ils t'emportent!», crie-t-il sur le cercueil de sa mère, dans une scène poignante.

On le voit enfant (interprété par Nicolo Cabras), jouant avec sa mère (Barbara Ronchi) ou regardant avec elle des épisodes de Belphégor (avec Juliette Gréco) à la télévision.

Le personnage du Fantôme du Louvre sera pour lui une figure tutélaire à laquelle il fera appel pendant sa jeunesse pour lui venir en aide.

Massimo est devenu un homme. De retour en Italie après avoir couvert la guerre en Bosnie, il est pris d'attaques de panique. Aux urgences, où il va se faire soigner, il rencontre Elisa, un jeune médecin (Bérénice Bejo, prix d'interprétation à Cannes en 2013) qui va l'aider à guérir du traumatisme de son enfance.

La famille, la figure maternelle et aussi celle du père, des thèmes chers à Marco Bellocchio, sont à nouveau abordés par le cinéaste dans ce film.

Son premier long métrage Les poings dans les poches (I pugni in tasca), sorti il y a 50 ans, racontait déjà l'implosion d'une famille bourgeoise et la mort d'une mère.

«Mais alors que la mère, dans Les poings dans les poches, n'est pas aimée et est jetée du haut d'un ravin, ici elle est sanctifiée», explique le cinéaste.

Dans le premier film, «elle ne donne rien à son fils, alors que la mère de Massimo lui donne tout, à tel point que sa perte est pour lui une tragédie», ajoute-t-il.