Dans Victoria, comédie de Justine Triet présentée jeudi à Cannes en ouverture de la 55e Semaine de la critique, Virginie Efira campe une femme débordée dans sa vie professionnelle, amoureuse et familiale, qui peine à mettre de l'ordre dans son existence chaotique.

«Je voulais vraiment faire un portrait de femme», a expliqué à l'AFP Justine Triet, dont Victoria est le deuxième long métrage après La bataille de Solférino.

Cette histoire d'un ex-couple se déchirant sur fond de présidentielle, tournée dans la rue le jour de l'élection de François Hollande, avait été remarquée à Cannes en 2013 dans la sélection de l'Acid, association de cinéastes indépendants.

Avec Victoria, «l'idée, c'était qu'une avocate approchant de la quarantaine en plein néant sentimental se retrouve dans une situation assez incroyable (...). Elle va exploser complètement en vol. Ce qui était intéressant pour moi, c'est vraiment de raconter ça, la chute et la renaissance» d'une femme qui «ne maîtrise plus rien», poursuit-elle.

Le film raconte la vie de Victoria Spick, avocate pénaliste et mère célibataire de deux filles, en pleine crise personnelle. Elle se retrouve prise dans une spirale infernale après s'être rendue au mariage de son ami Vincent (Melvil Poupaud).

Alors qu'il est accusé de tentative de meurtre par sa nouvelle épouse au lendemain du mariage, Victoria va devoir le défendre. Mais parallèlement, elle doit aussi faire face au père de ses filles (Laurent Poitrenaux) qui dévoile sa vie dans un roman, tandis qu'un ex-dealer opportuniste qu'elle a défendu (Vincent Lacoste) vient s'installer chez elle, au milieu du chaos.

À partir de cette trame, la réalisatrice, qui dit avoir «un goût pour les univers pleins», avec des femmes «qui travaillent et sont dans des espèces de chaos de relations amicales, sexuelles», joue avec les codes de la comédie romantique pour parler de «ses obsessions», dit-elle: «la difficulté des relations hommes/femmes, la solitude, les enfants, la justice, l'argent, le sexe».

Plus classique, et réalisé avec plus de moyens et de temps que son précédent film tourné dans l'urgence, Victoria mise aussi sur Virginie Efira - actuellement à l'affiche dans Un homme à la hauteur -, «une révélation», pour Justine Triet, qui la juge «très précise» dans son jeu.

Vincent Lacoste est quant à lui à la fois comique et flegmatique dans le rôle ambigu du personnage au passé trouble, ange gardien mais aussi opportuniste.

«Je trouve que c'est un cinéma très contemporain, dans lequel il y a quelque chose d'assez violent sur les rapports humains et en même temps un côté assez idéaliste et très romantique», a déclaré le comédien à l'AFP.