Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar, en lice pour la cinquième fois pour la Palme d'or à Cannes avec le film Julieta, a assuré lors d'une classe de maître à Paris qu'il pouvait « survivre sans la Palme d'or », mais pas sans tourner, son « addiction ».

« On peut survivre sans avoir la Palme d'or », a indiqué le cinéaste de 66 ans vendredi soir devant un public d'aficionados et de professionnels au cinéma des Fauvettes, récemment ouvert à Paris et consacré aux grands films restaurés.

« Je ne me sens pas un classique, si je me pensais un classique je n'irais par en compétition à Cannes. Le fait de participer signifie que je ne me suis pas transformé en vache sacrée », dit-il, tout en admettant que le fait que ses films aient résisté au temps « le rend très heureux ». « S'ils ont survécu 30 ans, ils sont plus près de l'éternité », a-t-il estimé.

Tourner est pour lui « une nécessité absolue ». « Je suis un addict », sourit-il, jurant « de ne jamais abandonner cette addiction [au cinéma] ».

Avec Julieta, Almodovar sacrifie une nouvelle fois à l'exploration de l'âme féminine, cette fois à travers le drame d'une mère abandonnée par sa fille pendant dix ans.

« J'ai toujours tourné avec des femmes. J'étais un enfant dans un univers féminin, dans les années difficiles de l'après-guerre. Les femmes étaient plus gaies, travaillaient beaucoup et parlaient tout le temps. Elles m'ont transmis les premières sensations et ont forgé mon caractère », a-t-il dit.

« La femme représente tout pour moi, l'homme était absent et incarnait l'autorité. Je ne me suis jamais identifié à la figure masculine: la maternité m'inspire plus que la paternité. Et c'est plus drôle, une femme délaissée, qu'un homme abandonné! », a-t-il ajouté.

Pedro Almodovar rêve de tourner avec Catherine Deneuve, « une femme qui a fait des choses magnifiques jeune. Mais à moi, la Catherine Deneuve mûre me plait énormément ».

Le cinéaste espagnol n'a pas abordé son implication dans le scandale des Panama Papers. Mais dans un entretien paru samedi dans le quotidien El Pais, il confie: « ça a été un choc parce que je ne savais rien ».

« Pour ce qui est de mes convictions, je suis absolument opposé » aux paradis fiscaux, a-t-il souligné. « En dépit de mon inconscience, et bien qu'il n'y ait pas de délit, ll y a un aspect moral qui me chagrine. »

« Je ne veux pas me poser en victime, mais ça a été épouvantable », indiquait-il à l'hebdomadaire français Télérama dans une entrevue parue mercredi.