Un film hongrois qui transporte les spectateurs dans le coeur infernal de l'Holocauste a bouleversé Cannes.

Son of Saul, premier long métrage du réalisateur Laszlo Nemes, est le premier favori à se dégager de la course à la Palme d'Or et a reçu des éloges pour la façon dont il dépeint l'Holocauste au grand écran.

Le Hollywood Reporter a dit du film qu'il était «remarquable - et remarquablement intense», tandis que Variety l'a jugé «terriblement accompli».

Il est rare qu'un premier film d'un réalisateur soit choisi pour la compétition officielle de Cannes et encore plus rare que ce même film reçoive une réponse aussi enthousiaste des critiques.

Le directeur photo Matyas Erdely a déclaré vendredi que le défi, pour les cinéastes, était de «montrer des choses impossibles à montrer». Le génie de Lazlo, selon lui, a été justement de ne pas montrer ce qui ne se montre pas, d'exclure tout ce qui n'était pas fondamental à l'histoire.

L'action de Son of Saul se déroule dans un camp d'extermination d'Auschwitz. L'histoire est celle d'un «Sonderkommando» - l'un des prisonniers juifs forcés à aider à disposer des corps des personnes tuées dans les chambres à gaz. Les Sonderkommandos avaient de meilleures conditions de détention que les autres prisonniers, mais étaient inévitablement exécutés après quelques mois pour empêcher qu'ils ne révèlent des secrets.

Laszlo Nemes, qui a déjà travaillé comme assistant de l'auteur hongrois Bela Tarr, concentre son film presque exclusivement sur Saul (Geza Rohrig), qui devise un plan pour offrir à un garçon mort des funérailles dignes de ce nom. Les horreurs du camp de concentration ne sont pas cachés, mais ils sont montrés en arrière-plan ou sur le côté de l'écran.

«Nous considérions qu'on en disait plus avec moins», a dit le réalisateur de 38 ans pour expliquer sa décision de laisser l'imagination des spectateurs faire une partie du travail.

«C'était important pour moi de faire un film sur cette expérience infernale de manière différente [...] Nous voulions ramener le tout à un seul être humain.»

Son of Saul n'offre ni espoir ni rédemption, et plusieurs spectateurs ont trouvé le visionnement épuisant.

Geza Rohrig - un poète hongrois habitant à New York qui remplit presque chaque image du film - a confié que son plus grand défi avait été d'interpréter un personnage dont les horizons et les émotions disparaissent dans des conditions brutales.

«La seule façon de demeurer sain d'esprit et de vivre ce genre de situation était de cesser d'être un humain, de se détacher de ses émotions», a-t-il souligné. «Le défi de ce personnage était de danser dans un tout petit espace d'une manière très minimaliste.»