Entre la Chine, «une priorité», un «gros développement» des séries et des films ambitieux à venir, Studiocanal, filiale de production et de distribution du groupe Canal+, entend plus que jamais se poser en alternative européenne aux studios américains.

Dans un entretien à l'AFP, le président du directoire du groupe français Studiocanal, Olivier Courson, assure que le cinéma reste «le coeur» de l'activité de la société, même si le développement des séries est devenu une priorité.

La société a annoncé à Cannes qu'elle allait lancer des séries avec Adam Price et Soren Sveistrup, les créateurs de Borgen et The Killing mais aussi la productrice danoise Meta Louise Foldager, ( Melancholia ou A Royal Affair) via la création d'une nouvelle société de production SAM détenue à égalité par chacun.

Studiocanal travaille déjà beaucoup en Scandinavie «où il y a des talents extrêmement intéressants en cinéma et séries. Ils sont à la fois créatifs dans l'écriture et la réalisation», explique Olivier Courson en référence aux financements de A War de Tobias Lindholm, La taupe de Tomas Alfredson ou Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Felix Herngren.

Les séries représentent actuellement moins de 10% du chiffre d'affaires de Studiocanal, mais l'objectif est d'«arriver à plus de 20% à l'horizon de deux-trois ans», a-t-il dit.

Bon cru au marché du film

L'international, qui représente quelque 80% des 500 millions d'euros de chiffre d'affaires de Studiocanal en 2013, est un autre axe de fort de développement. Ses quatre grands marchés sont la France, la Grande Bretagne, en Allemagne et plus récemment l'Australie/Nouvelle Zélande.

«Notre marché domestique c'est l'Europe», insiste Olivier Courson qui pose Studiocanal en «alternative aux studios américains». «On fait tout ce qui ne les intéresse pas. Ils ne développent pas de films à moins de 60 millions de dollars de budget, nous on s'arrête à 60».

Pareil pour les genres. «Les Américains ont fait des ados des cibles prioritaires, nous c'est un public adulte».

Studiocanal ne se lance pas dans les franchises chères aux studios d'outre-Atlantique mais elle a fait un carton cette année avec Non Stop, thriller dans un avion: 220 millions $ de recettes mondiales pour un budget de 45 millions $.

Olivier Courson attend beaucoup encore de la sortie du film «cet été» en Chine.

Ce pays dit-il est devenu «une priorité» en matière de distribution car «la géographie des marchés a changé, une caractéristique très forte depuis un an», a-t-il souligné.

«L'Espagne et l'Italie pèsent moins en raison de la crise. Mais ces baisses sont «compensées par d'autres territoires comme la Chine, la Corée et l'Amérique latine».

«On passe énormément de temps en Chine pour optimiser la distribution de nos films dans les salles ou sur les plateformes digitales pour exploiter notre catalogue, le plus gros après celui des majors américaines», assure-t-il.

Pour l'heure, Studiocanal estime pouvoir atteindre le record de ventes établi l'an dernier au marché du film cannois.

Les emplettes des acheteurs internationaux ont été nombreuses. Macbeth avec Marion Cotillard et Michael Fassbender, prévu pour 2015, a trouvé son distributeur américain, l'influent Harvey Weinstein, faiseur d'Oscars, qui a aussi acheté Paddington, film familial tiré des célèbres aventures de l'ours du même nom avec Colin Firth et Nicole Kidman.

Bastille Day, film de James Watkins avec Idris Elba (Mandela) et Adèle Exarchopoulos (La vie d'Adèle) a trouvé preneur chez Focus, avec un engagement de sortie large aux États-Unis, «un des plus gros deals du marché cette année», selon un professionnel.

Studiocanal est aussi derrière le prochain Stephen Frears sur le cycliste Lance Armstrong ou encore le premier film de Jeanne Herry, fille de Miou Miou et Julien Clerc, Elle l'adore, avec Sandrine Kiberlain.