Soleil radieux à peine voilé de nuages de polémiques, le 67e Festival de Cannes ouvre ses portes mercredi soir pour douze jours de fête du cinéma, avec le très attendu, déjà contesté, Grace de Monaco et Nicole Kidman pour assurer une montée des marches glamour.

Le film présenté hors compétition a déjà surtout fait parler de lui pour ses polémiques avec les héritiers de Grace qui fustigent un détournement de l'Histoire et avec le distributeur américain qui voudrait un autre montage pour les États-Unis.

À l'issue de la projection de presse en fin de matinée, les premières critiques étaient acerbes notamment dans les médias anglo-saxons, beaucoup plus mesurées dans la presse française.

Un autre long métrage fait couler beaucoup d'encre depuis des semaines: le sulfureux Welcome to New York, inspiré par l'affaire DSK, avec Gérard Depardieu.

Le distributeur Wild Bunch parle de «pressions» contre un film qui bénéficie à présent de beaucoup de publicité alors que la société a décidé de le sortir en France, le 17 mai, uniquement sur internet, sans passer par la salle de cinéma.

Welcome to New York sera toutefois bien projeté pendant le Festival de Cannes, mais pas au Palais. La projection aura lieu samedi soir dans des cinémas cannois et dans le cadre du marché du film.

La Croisette se préparait mercredi pour accueillir toutes les stars qui fouleront chaque jour le fameux tapis rouge et les 24 marches menant à la grande salle de projection.

Robert Pattinson, Julianne Moore, Kirsten Stewart, Hillary Swank, Ryan Gosling, Tommy Lee Jones, Catherine Deneuve, Guillaume Canet ou Marion Cotillard sont attendus d'ici au 25 mai.

Mercredi soir, le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron, auteur du thriller spatial et carton mondial 2013, Gravity (Oscar du meilleur réalisateur), et l'actrice française Chiara Mastroianni, dont le père Marcello éclaire de son charme l'affiche du Festival, déclareront ouverte cette 67e édition.

Le Festival 2014, rassemblera comme à l'accoutumée en compétition nouveaux venus et talents confirmés dont certains sont des «enfants de Cannes», à l'image de Jane Campion, 60 ans, présidente du jury 2014.

La réalisatrice néo-zélandaise est venue la première fois en 1986 sur la Croisette, repartant avec la Palme d'or du court métrage. En 1993, elle décrochera la Palme d'or du long métrage pour l'éblouissant La leçon de piano.

Les Belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, multirécompensés sur la Croisette, tenteront de marquer l'histoire cannoise avec peut-être une troisième Palme d'or pour une nouvelle chronique sociale, Deux jours, une nuit.

À l'inverse, le doyen Jean-Luc Godard, en lice avec Adieu au langage, n'a jamais été récompensé. Et que fera le petit prodige canadien Xavier Dolan, 25 ans?

Dollars et char d'assaut 

D'autres réalisateurs leur disputeront les 118 grammes de la Palme d'or parmi lesquels le Canadien David Cronenberg, le Mauritanien Abderrahmane Sissako le Russe Andrey Zvyagintsev, les Américains Tommy Lee Jones et Bennett Miller, les Britanniques Ken Loach et Mike Leigh ou encore la Japonaise Naomi Kawase, le Turc Nuri Bilge Ceylan.

Les Français seront représentés par Bertrand Bonello, qui dévoilera le deuxième opus de l'année consacré à Yves Saint Laurent, avec Gaspard Ulliel, par Olivier Assayas et Sils Maria, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart, ou encore le très attendu film de Michel Hazanavicius The Search, sur le conflit en Tchétchénie, avec Bérénice Bejo, bien loin de l'ambiance de son précédent opus The Artist.

Mais Cannes c'est aussi un gigantesque marché où les majors peuvent réaliser une grande part de leurs ventes internationales.

Grands ou petits labels viennent montrer aux acheteurs du monde entier des longs métrages dévoilés à Cannes et bien d'autres encore, qu'ils soient à l'étape du scénario, du tournage, en montage, en post-production ou achevés pour signer des ventes aux États-Unis, en Russie ou en Chine par exemple.

Des palaces à la plage, tout est bon aussi pour assurer sa promotion, des immenses affiches placardées sur les façades... au char d'assaut! C'est le moyen très spectaculaire qu'ont trouvé, paraît-il, les poids lourds d'Hollywood Sylvester Stallone, Harrison Ford, Mel Gibson ou encore Arnold Schwarzenegger, tous à l'affiche de The Expandables 3, pour débarquer dimanche au Carlton.

Plus pacifiquement, l'équipe de la comédie française «Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu?», plus de 6 millions d'entrées au compteur à dimanche soir, viendra elle aussi faire un tour à Cannes célébrer le succès phénoménal du film qui entend combattre les préjugés entre communautés.

Les cinéphiles se régaleront avec une avalanche de films présentés encore dans les différentes sections Un Certain Regard, la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique, qu'ils émanent de nouveaux talents distingués chaque année par la Caméra d'or ou de talents reconnus.

Pour ceux qui resteront derrière leur écran de télévision, Canal+, partenaire du Festival, retransmet en direct et en clair en France à partir de 19h les cérémonies d'ouverture et de clôture, animées cette année par l'acteur Lambert Wilson.