Avec Zulu, le cinéaste français Jérôme Salle clôturera hors compétition le 66e Festival de Cannes avec un thriller pessimiste et violent, dont l'intérêt principal réside dans son tournage en Afrique du Sud entre townships miséreux et quartiers huppés de Cape Town.

L'Américain Forest Whitaker et le Britannique Orlando Bloom, entourés d'une myriade d'acteurs sud-africains recrutés en partie dans des gangs locaux, incarnent deux policiers amis poursuivant le meurtrier d'une jeune fille à Cape Town.

Le brillant Whitaker - prix d'interprétation masculine à Cannes en 1988 pour son rôle du jazzman Charlie Parker(Bird) et oscar du meilleur acteur en 2007 pour sa personnification du dictateur ougandais Idi Amin Dada (Le dernier roi d'Écossais) - soutient sans surprise le film.

«Je me suis promené avec une unité de police s'occupant de crimes violents, j'ai rencontré des membres de gangs et j'ai commencé à comprendre ce qu'était un township», a expliqué dimanche Forest Whitaker devant la presse.

Pour l'acteur sud-africain Conrad Kemp (qui joue un policier blanc), «le film est empreint d'une grande authenticité par rapport aux dysfonctionnements du pays». «Les cercles académiques sud-africains sont devenus assez méfiants vis-à-vis de la perception extérieure de l'Afrique du Sud, mais je crois le film va être accepté comme un produit sud-africain», a-t-il ajouté.

Dans ses deux films à succès sur les aventures du héros milliardaire Largo Winch (personnage tiré d'une bande dessinée culte), Jérôme Salle avait montré son goût pour les films d'action menés tambour battant.

«C'est un virage, je m'abrite un peu moins derrière un exercice de style», souligne Jérôme Salle, qui s'était fixé «l'objectif de faire un film sud-africain».

«On est arrivés avec une grande humilité. Comment faire pour que ça sonne vrai? Ce sont des centaines de détails».

Le réalisateur, qui a adapté un roman noir de l'auteur français Caryl Férey, a vécu quasiment un an à Cape Town pour ce tournage.

Zulu plonge dans une Afrique du Sud pauvre minée par la drogue, la violence et la prostitution.

Le «pardon» pour avancer dans la vie, fil conducteur du film qui prend une résonance particulière dans ce pays, est appliqué avec détermination par le personnage du policier Ali interprété par Whitaker, ex-enfant pauvre martyrisé au temps de l'apartheid qui rend encore visite à sa mère dans un township. Jusqu'au moment où celle-ci est assassinée et où Ali bascule un peu abruptement dans la vengeance.

«Beaucoup de films glorifient la vengeance, on pouvait la traiter différemment», dit Jérôme Salle, dont la fin du film reste très classique.

Le beau gosse Orlando Bloom joue pour sa part Brian, un policier tatoué et macho en pleine déchéance qui boit et prend des cachets. «Je n'étais pas le choix évident pour ce rôle. C'est un nouveau chapitre pour moi. C'est difficile de casser la perception que les autres ont de vous!».