Ils ne rateraient le Festival de Cannes pour rien au monde, espèrent approcher au plus près des stars et se disputent le moindre centimètre sur le trottoir face au tapis rouge: les accros du tapis rouge et leurs escabeaux sont de retour sur la Croisette.

Parmi les aficionados, France, douze ans de pratique, n'en revient pas: elle a décroché cette année un autographe de la légende du cinéma Steven Spielberg. Un trophée qui s'ajoute à une collection de souvenirs inoubliables.

«L'année dernière j'avais mes lunettes sur la tête, elles sont tombées par terre et Brad Pitt me les a ramassées. C'est quelqu'un d'adorable et de charmant. Après j'ai embrassé les lunettes partout, ce sont celles que je porte maintenant!», raconte-t-elle avec passion.

Les escabeaux sont stratégiquement alignés sur vingt mètres de trottoir, à l'endroit où s'arrêtent les limousines des stars. Les meilleurs emplacements sont la chasse gardée des plus anciens, qui défendent âprement leur territoire et cadenassent leur escabeau la nuit venue.

La tradition, négociée et encouragée par le festival, fait partie du folklore et du décor.

Mais la compétition est féroce. «C'est plus difficile qu'avant d'obtenir une place devant le palais, donc il faut venir de plus en plus tôt», se plaint Nicole Lopez, positionnée cette année deux jours avant le coup d'envoi.

«Pitt et Jolie, très pros»

Cette accro, qui fait le déplacement depuis la Drôme depuis 25 ans, vient «pour faire un bel album pour montrer à toutes les copines».

«Cette année, tout le monde était content de Leonardo DiCaprio, même sous les parapluies», raconte cette experte du tapis rouge.

«Le genre de stars que nous aimons, c'est George Clooney ou Sharon Stone, qui font leur cinéma à leur arrivée. C'est parfait pour les photos», explique-t-elle. Autres favoris des fans, «Brad Pitt et Angelina sont très professionnels».

Rendant hommage à leur ténacité, le président du festival Gilles Jacob a salué «le stoïcisme» des groupies dans un tweet, alors que des pluies diluviennes s'abattaient sur Cannes au début du festival.

Malgré tout, le monde du cinéma se montre souvent avare en preuves d'amour, regrettent les fans.

«À Cannes, maintenant c'est tout pour les producteurs, nous on n'est que des figurants. Au début, on nous donnait des sacs, des badges, maintenant on n'a plus rien», déplore Nicole.

Martine Rousselin, une Cannoise avec vingt ans d'ancienneté sur son escabeau, confirme: «Quand on est simple cinéphile et qu'on n'a pas de badge, pas d'accréditation, pas de copains dans le cinéma, on essaie de se faire un trou mais c'est très difficile».

Aux abords du Palais des festivals, les badauds du monde entier se bousculent aussi dans l'espoir d'entre-apercevoir des vedettes. Mais ils doivent  le plus souvent se contenter des écrans géants qui retransmettent les montées des marches, comme Shishum Zhou, une jeune Chinoise, venue  pour la première fois à Cannes dans l'espoir de voir «des vedettes chinoises comme Fan Bingbing, mais aussi des stars françaises comme Marion Cotillard».

Et parfois la magie opère, au point de faire perdre ses moyens. En voyant une année George Clooney, Martine se souvient qu'elle était «tétanisée»: «Je n'ai même pas pensé à lui demander un autographe... je me suis dit, il faut que je le regarde. Les yeux, tout, j'ai tout regardé!».