Nouveau film du réalisateur israélien de Valse avec Bachir Ari Folman, Le congrès, fable futuriste avec l'actrice américaine Robin Wright, a ouvert jeudi la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes.

Adapté du roman de science-fiction Le congrès de futurologie de l'écrivain polonais Stanislas Lem, Le congrès décrit un monde dans lequel les acteurs peuvent vendre leur identité.

Robin Wright (Forrest Gump, The Pledge), qui joue son propre rôle, se voit proposer par les studios Miramount d'être scannée, son alias numérisé pouvant ensuite être exploité librement. Elle accepte et disparaît pendant vingt ans, avant de revenir pour le congrès Miramount-Nagasaki, dans un monde transformé.

Surprenant, le film mi-réaliste, mi-animation fantastique, se décompose en deux parties distinctes. La première heure, en images réelles, dresse un tableau souvent drolatique et féroce des studios américains. Robin Wright y joue avec une bonne dose d'autodérision une ex-actrice prometteuse de Hollywood.

Glissant dans l'animation, le film est radicalement différent dans la seconde partie, profitant de la liberté que permet ce genre. Il montre une Robin Wright animée confrontée à un univers au délire visuel foisonnant jusqu'à l'étourdissement, tandis que son avatar numérique est devenu une héroïne de films commerciaux. Elle se voit maintenant proposer de devenir une formule chimique, qui permettra aux gens de s'approprier son personnage.

Réflexion à la fois sur l'évolution de la société et celle du cinéma à l'heure des images de synthèse en 3D, le film fait appel à une technique d'animation différente de celle de «Valse avec Bachir», qui avait concouru pour la Palme d'or en 2008.

Le congrès utilise la rotoscopie, qui se base sur l'interprétation des acteurs pour l'animation. Celle-ci est faite à la main, dans un style rendant hommage aux frères Fleischer, qui ont créé Popeye, Betty Boop et le premier Superman dans les années 30. Des studios dans plusieurs pays (Israël, France, Luxembourg, Belgique, Allemagne, Pologne, Philippines, Inde, Turquie...) ont participé au projet.

«Nous avons connu une longue et sacrée épreuve pour développer ce film en animation», a expliqué le réalisateur à la presse jeudi. «Il faut être soit idiot, soit très courageux pour le faire. Je suis probablement un peu des deux», a-t-il plaisanté.

Fan de science-fiction depuis son enfance, Ari Folman a raconté avoir lu «Le congrès de futurologie» à l'âge de 16 ans, puis lors de ses études de cinéma, et avoir «su dès lors qu'il voulait en faire quelque chose». Il a travaillé pendant quatre ans sur ce film.