Ils ne sont pas frères de sang comme les Dardenne ou les Coen, mais Christophe Ali et Nicolas Bonilauri sont «frères de cinéma», suggère en riant ce dernier au sujet des films qu'ils écrivent et réalisent ensemble.

Leur plus récente mouture, La volante, nous met en présence d'une femme qui, cherchant à se rendre indispensable auprès de son patron, veut se venger de ce dernier qui a tué accidentellement son fils dans un accident de voiture.

La Presse a rencontré Nicolas Bolinauri au Festival international du film francophone de Namur, où son long métrage était présenté avant de nous arriver à Montréal. En entrevue, il confie que le scénario s'est nourri d'un personnage (réel) côtoyé au bureau.

Votre film est-il tiré d'un fait divers?

Plusieurs personnes nous ont demandé si c'était le cas. Pas du tout! Mais Christophe et moi travaillons dans un cinéma municipal où nous avons l'habitude de côtoyer le monde des bureaux, des administrations. Nous avons commencé à noter des scènes, des situations parfois cocasses, parfois plus conflictuelles entre directeurs de service, etc. Durant deux ans, nous avons côtoyé une secrétaire ayant certains aspects de notre personnage. Elle était très secrète, énigmatique. Intrigués, nous avons essayé d'imaginer sa vie chez elle et commencé à écrire une histoire autour d'elle, tout en brouillant les pistes afin qu'elle ne se reconnaisse pas! 

Quelles ont été vos influences?

D'abord Hitchcock et plus précisément son film Marnie, dont le personnage principal [joué par Tippi Hedren] est une secrétaire avec une faille psychologique. Cette femme, habillée en tailleur et secrète, a aussi un rapport conflictuel avec son patron. Mais contrairement au film d'Hitchcock, dans La volante, c'est la secrétaire qui va prendre le dessus sur le patron dans un rapport un peu mère-fils. Il y a eu d'autres influences, comme Chabrol, pour ce rapport aux bourgeois des régions. 

Pourquoi Nathalie Baye dans le rôle de Marie-France Ducret?

Plus le scénario avançait, plus l'ambiance s'installait et plus le nom de Nathalie Baye s'imposait. En écrivant, nous avons revu le film Une étrange affaire (1981) de Pierre Granier-Deferre où Nathalie, plus jeune, joue la femme de Gérard Lanvin. Et il y a un personnage maléfique joué par Michel Piccoli qui ressemble à celui qu'elle incarne dans La volante et qui est très méchant avec son employé [Lanvin]. Il y avait aussi cette ambiance de bureau et de rapport de force patron-employé. 

Vous travaillez toujours en duo avec Christophe Ali?

On fait tout ensemble. On écrit et on réalise ensemble. Nous sommes des frères de cinéma! Nous ne sommes pas des gens qui arrivent à bien se vendre. Alors, nous avons l'impression qu'à deux, c'est plus facile. Pour notre travail, ça donne de la force. 

Que signifie La volante?

La «volante» est un mot assez mystérieux que nous aimions bien. Ça fait penser à «violente». On trouve le mot assez sensuel, assez féminin, énigmatique. Nous voulions aussi un mot jamais utilisé au cinéma. Et en France, «volante» signifie une secrétaire intérimaire. Ce n'est pas un mot très connu parce qu'il est surtout utilisé dans la fonction publique. Mais si vous regardez les sites d'emplois, vous allez trouver des milliers d'annonces écrites: «Cherche secrétaire volante».