Les amateurs de cinéma français et de films francophones se donneront rendez-vous pour la 21e fois au festival Cinemania, lequel se tiendra au Cinéma Impérial du 5 au 15 novembre.

Entre la présentation, le soir de l'ouverture, du film de Jacques Audiard, Dheepan, Palme d'or à Cannes cette année, et de Un + Une de Claude Lelouch le soir de la clôture, une quarantaine de longs métrages auront été présentés en primeur nord-américaine, québécoise ou montréalaise.

«Notre mandat reste toujours le même, a déclaré le directeur général Guilhem Caillard. Nous voulons célébrer l'éclectisme et la richesse du cinéma francophone. On remarque en outre cette année un lien direct avec l'actualité. La question des migrants est abordée. Des thèmes liés à la politique et à la religion aussi. Plusieurs histoires sont campées dans des pays étrangers. Le cinéma francophone nous emmène souvent ailleurs.»

Des titres venus de Cannes

Plusieurs des titres retenus dans la programmation ont déjà été lancés dans d'autres grands festivals internationaux. Outre Dheepan, qui a obtenu le plus prestigieux laurier sur la Croisette, Mon roi de Maïwenn (prix d'interprétation féminine à Emmanuelle Bercot), Valley of Love de Guillaume Nicloux (qui marque les retrouvailles à l'écran d'Isabelle Huppert et de Gérard Depardieu), Marguerite et Julien de Valérie Donzelli, La tête haute d'Emmanuelle Bercot (avec Catherine Deneuve) et Une histoire de fou de Robert Guédiguian ont tous fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes. En tout, neuf films sélectionnés à Cinemania ont été présentés dans l'une ou l'autre des sections cannoises.

D'autres, comme Les chevaliers blancs (Joachim Lafosse), Belles familles (Jean-Paul Rappeneau) et Un + Une (Claude Lelouch), ont commencé leur carrière internationale au festival de Toronto.

On remarque aussi dans cette programmation la présence de deux films coproduits avec le Québec. La peur (Damien Odoul), un film dont l'histoire se déroule pendant la Première Guerre mondiale, a la particularité d'avoir été tourné entièrement à... Nicolet, au Québec! Une partie du road movie burlesque Je suis mort mais j'ai des amis, réalisé par les frères belges Guillaume et Stéphane Malandrin, a été tourné sur la Côte-Nord. Taulardes, d'Audrey Estrougo, se déroule dans un milieu carcéral féminin. Ce drame met en vedette Sophie Marceau et Suzanne Clément.

Françoise Fabian, invitée d'honneur

Une douzaine d'invités gratifieront le festival Cinemania de leur présence. Parmi eux, la grande actrice Françoise Fabian. À l'occasion de la venue de l'inoubliable interprète de Ma nuit chez Maud (Éric Rohmer), vue plus récemment dans Le prénom et Les garçons et Guillaume, à table!, un documentaire réalisé par Dominique Besnehard, intitulé La Fabian, sera présenté. Une projection du célèbre film d'Éric Rohmer, sorti en 1969, aura aussi lieu à la Cinémathèque québécoise. Enfin, les deux premiers épisodes de Dix pour cent, une série qui cartonne actuellement sur les ondes de France 2, seront montrés au public québécois. Coréalisée par Cédric Klapisch et Lola Doillon, cette série nous plonge dans le monde des agents d'artistes. Françoise Fabian, Line Renaud et Cécile de France y campent leur propre rôle.

Julie Gayet fait aussi partie de la liste d'invités. Cette dernière viendra au festival à titre d'actrice, de réalisatrice et de productrice. Julie Gayet, qui avait donné la réplique à Pascale Bussières dans La turbulence des fluides (Manon Briand), signe notamment la réalisation d'un diptyque sur le métier de cinéaste. Dans Cinéast(e)s, une vingtaine de réalisatrices s'expriment sur la pratique de leur art. Dans le deuxième volet, intitulé Cinéastes, 17 réalisateurs répondent aux mêmes questions que leurs homologues féminines. Les deux films seront présentés à la Cinémathèque québécoise.

Anaïs Demoustier (À trois on y va, Marguerite et Julien), Ariane Ascaride (Une histoire de fou), Anthonythasan Jesuthasan (Dheepan), Jérémy Elkaïm (Marguerite et Julien), Philippe Le Guay (Floride) se déplaceront aussi à Montréal, de même que le légendaire cinéaste algérien Mohammed Lakhdar-Hamina. Ce dernier viendra présenter Crépuscule des ombres, son plus récent film.

Peu de soutien

Depuis sa fondation par Maidy Teitelbaum, le festival Cinemania a su se positionner avantageusement au fil des ans, sans pouvoir compter vraiment d'appuis institutionnels. D'où la présence de nombreux commanditaires.

«Nous ne cherchons pas à croître, indique le directeur général Guilhem Caillard. Le festival a attiré 25 000 spectateurs l'an dernier, et nous en attendons peut-être 28 000 cette année. Cela dit, il est clair que l'absence de financement de la part des institutions québécoises constitue notre problème principal. Les institutions qui nous soutiennent vraiment sont le consulat de France, le Sénat français et l'organisme Unifrance!

«Du côté local, poursuit-il, il n'y a guère que le Conseil des arts de Montréal qui nous aide un petit peu. On met pourtant beaucoup d'efforts à préparer nos dossiers. Il est vrai que le contenu de Cinemania est essentiellement français, mais le milieu du cinéma québécois est quand même sollicité à travers tous les événements que nous organisons, notamment par le biais de notre association avec la Cinémathèque québécoise. Heureusement, notre liste de commanditaires est longue. C'est à force de grappiller de petits montants ici et là que nous arrivons à mettre ce festival sur pied.»

_______________________________________________________________________________

Le 21e festival Cinemania a lieu du 5 au 15 novembre.