Dans Renoir, elle incarne Andrée, la muse d'Auguste le peintre et de Jean le cinéaste. Dans L'homme qui rit, elle devient la jeune héroïne aveugle du roman de Victor Hugo. Christa Theret est de passage à Cinemania.

Quand La Presse l'a rencontrée, elle descendait à peine de l'avion. Christa Theret doit le tout premier passage de sa vie en terre d'Amérique à Cinemania. Trois films dans lesquels elle tient un rôle y sont programmés. Voie rapide, un premier long métrage de Christophe Sahr (présenté aujourd'hui à 13h30 au cinéma Impérial) n'a pas encore trouvé preneur auprès d'un distributeur québécois, mais Renoir (Gilles Bourdos) et L'homme qui rit (Jean-Pierre Améris) seront aussi présentés en salle au cours de l'hiver.

Choisie il y a sept ans pour un rôle d'enfant dans Le couperet (Costa-Gavras) à la suite d'un «casting sauvage» (des éclaireurs partent à la recherche d'inconnus); l'actrice a repris du service deux ans plus tard dans

Et toi t'es sur qui?, le film de Lola Doillon dans lequel elle se glissait dans la peau d'une ado gothique.

«Je garde un excellent souvenir de ces deux tournages, car je sais que je ne pourrai jamais retrouver l'insouciance avec laquelle j'abordais les rôles à cette époque, confie-t-elle. Je ne me posais aucune question. J'étais dans l'instant, complètement désinhibée, dans un état de liberté totale. Aujourd'hui, chaque film entraîne sa remise en question. C'est comme si on repartait de zéro à chaque fois. Même si on peut tourner trois films dans une année, il reste qu'on se retrouve quand même face à du temps libre devant soi. Ça permet de penser!»

Une nature

Le destin d'actrice de Christa Theret fut en quelque sorte scellé grâce à LOL. Dans cette comédie de Liza Azuelos, qui a obtenu un très grand succès public en France (près de 4 millions d'entrées), l'actrice interprétait l'héroïne d'une histoire dans laquelle Sophie Marceau campait sa mère.

«Après LOL, j'ai fait le choix de poursuivre dans cette voie. J'ai depuis tourné quelques films d'auteur plus modestes, mais je suis heureuse que des productions comme Renoir et L'homme qui rit se soient posées sur ma route.»

Sur grand écran, Christa Theret est une nature. Il émane de sa personnalité d'actrice une énergie particulière qu'a notamment su détecter le cinéaste Gilles Bourdos. Même si elle a fait des essais pour décrocher le rôle, la jeune actrice craignait pourtant au départ ne pas convenir au personnage d'Andrée, la muse d'Auguste Renoir.

«Le scénario me plaisait beaucoup, d'autant que je proviens d'une famille d'artistes, explique la comédienne. Mon père est peintre et ma mère est modèle! Or, je me suis trop attardée aux détails physiques à la lecture. Je me demandais comment je pouvais incarner ce personnage qui, physiquement, ne me correspondait pas. Mais Gilles Bourdos trouvait que j'avais quelque chose d'elle. C'est à partir de là que la composition a commencé.»

Même si Andrée est un personnage historique, Bourdos tenait à ce que Christa Theret emprunte une approche contemporaine.

«Il a insisté pour que je m'exprime de la même façon que le ferait une femme d'aujourd'hui, fait-elle remarquer. En revanche, le personnage que j'interprète dans L'homme qui rit est plus posé. On ne peut pas tricher avec la langue de Victor Hugo. D'autant que des pans de dialogues sont directement extraits du roman.»

De bons partenaires

Face à elle: deux monstres sacrés. Michel Bouquet pour Renoir; Gérard Depardieu pour L'homme qui rit. Deux comédiens généreux, chacun à sa façon. Dans le film de Jean-Pierre Améris, Christa Theret donne aussi la réplique à Marc-André Grondin, un acteur qu'elle retrouve un an après Mike (Lars Blumers), un film présenté au FNC l'an dernier, mais toujours inédit en salle au Québec.

«La méthode de travail de Marc-André est plus américaine, dit-elle. Il est assez impressionnant. Il est bon travailleur, très pro. Il entre directement dans son personnage dès qu'il gagne le plateau et maîtrise déjà parfaitement son texte. Personnellement, mon approche est plus instinctive, comme l'est celle de Gérard. Chacun a sa façon d'aborder un rôle, mais ce qui importe avant tout est de respecter son partenaire, peu importe la méthode qu'il utilise.»

Voie rapide (Christophe Sahr), Renoir (Gilles Bourdos) et L'homme qui rit (Jean-Pierre Améris) sont présentés au cours du week-end à Cinemania