Des cinéastes et producteurs brésiliens se sont mobilisés jeudi depuis la Berlinale pour alerter sur la situation du cinéma dans leur pays, menacé selon eux par le gouvernement en place et la crise politique au Brésil.

Les équipes de onze films présentés au festival du film de Berlin ont signé une lettre à l'attention du monde du cinéma, dont Marcelo Gomes, le réalisateur de Joaquim, présenté jeudi en compétition officielle.

«C'est un message d'alerte face à la crise démocratique que nous vivons», a-t-il affirmé à l'AFP.

Le gouvernement du conservateur Michel Temer «a fait des changements terribles dans le domaine social et dans l'éducation. On est revenu sur les progrès que nous avions faits et il va se passer la même chose (dans la culture) si on se tait», a-t-il souligné.

Michel Temer, qui a succédé à la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour maquillage de comptes publics, a mis en place une cure d'austérité au Brésil, embourbé depuis 2015 dans une profonde récession.

«Le cinéma brésilien, en particulier le cinéma d'art et d'essai, est tout particulièrement menacé par ces attaques», peut-on lire dans la lettre.

Parmi les motifs d'inquiétude, figure le renouvellement stratégique de la moitié du comité de direction de l'agence du cinéma, qui soutient le 7e art. «Beaucoup de choses sont en jeu avec ces nominations», souligne la missive.

Cet appel a été lancé à l'issue de la conférence de presse de Joaquim, inspiré de la vie du héros national brésilien Joaquim José da Silva Xavier, alias Tiradentes.

Portrait déconstruit d'un personnage historique, le film évoque l'histoire coloniale du Brésil et fait le tableau d'une société gangrénée par la corruption.

«Plus j'ai lu sur la période coloniale au Brésil, plus j'ai compris le Brésil actuel», a indiqué le réalisateur devant la presse, évoquant «les fractures sociales» dans le pays.

«Ce film se passe il y a 250 ans mais les choses n'ont pas changé», a-t-il insisté. Joaquim est en lice pour l'Ours d'or qui sera remis samedi.