C'est des mains du président du jury lui-même, le grand cinéaste Wong Kar-Wai, que Denis Côté a reçu le prix Alfred Bauer, Ours d'argent de l'innovation pour son film Vic + Flo ont vu un ours.

Le prix Alfred Bauer, dédié au fondateur de la Berlinale, a été créé en 1987, un an après sa mort. Leos Carax en fut le premier lauréat. Depuis, plusieurs cinéastes d'importance l'ont remporté, dont le grand cinéaste polonais Andrzej Wajda en 2009.

En recevant son prix, Denis Côté a demandé à la blague: «Est-ce que je partage vraiment cette scène avec Wong Kar-Wai?» Puis, il a remercié la Berlinale et son équipe montréalaise, avant de lancer: «Subitement le titre de mon film est devenu un concept». Le cinéaste de 40 ans qui a déjà trois Léopards du Festival international du film de Locarno a son actif, était accompagné par son directeur photo Ian Lagarde.

Après la cérémonie, il s'est dit très fier de remporter un prix remis à un film qui ouvre de nouvelles perspectives.

«Ça fait 115 ans que le cinéma existe et à chaque fois que je fais un film, j'essaie de m'assurer qu'il y a dans mes films quelque chose de nouveau et qui, potentiellement, n'a jamais été vu. Ce prix prouve que je suis allergique aux choses conventionnelles et que j'ai raison de l'être».

Denis Côté avait été prévenu l'après-midi même qu'il avait intérêt à assister à la cérémonie de clôture. Il se doutait qu'il allait remporter ce prix-là, mais en même temps, il avait un peu peur de repartir bredouille.

Cinq minutes avant que son nom ne soit annoncé, la caméra de télé qui filmait l'évènement s'est braquée sur lui, confirmant ce qu'il soupçonnait. «J'ai vu la caméra, j'ai vu Wong Kar-Wai s'avancer et j'étais presque plus excité à l'idée de le rejoindre sur scène que de gagner un prix», a-t-il blagué. Denis Côté est touché par la reconnaissance internationale que lui accorde ce prix, troisième en importance après l'Ours d'or du meilleur film et l'Ours d'argent du prix du jury. «Ce n'est pas un prix d'amis que je reçois. C'est un prix de la part de gens qui ne me connaissent pas, qui n'ont aucun a priori sur moi et qui ont voulu saluer une oeuvre. Ça fait vraiment plaisir!»

Denis Côté espère que le public québécois n'aura pas peur de l'étiquette d'innovation qui sera désormais associée à son film et que les spectateurs viendront nombreux lorsque Vic + Flo ont vu un ours sortira chez nous cet été.

En attendant, Denis Côté quitte Berlin demain pour Istanbul où il sera membre du jury du festival I!F-Istanbul. À son retour à Montréal, il compte installer son Ours d'argent à côté de ses trois Léopards de Locarno, dans un bestiaire personnel qui ne cesse de prendre de l'expansion.