Quatre films en deux jours: tous les quatre racontent des histoires de femmes qui ont pour nom Gloria, Layla, Cornelia, Vic et Flo. Trois portent sur des femmes de 60 ans et plus et ont été tournés par des hommes de 40 ans et moins, leurs fils en somme.

Ces quatre films, tous en compétition, ont été vus par un jury présidé par Wong Kar wai, mais constitué d'une majorité de femmes - quatre sur sept -, dont la gagnante d'un Oscar, Susanne Bier. C'est un précédent qui indique qu'une revanche des femmes semble bel et bien entamée cette année à Berlin, sauf évidemment dans un champ: celui de la réalisation.

Sur les 19 films de la compétition, seulement quatre ont été réalisés par des femmes.

Qu'à cela ne tienne, mon premier vrai coup de coeur de Berlinale, hormis le film de Denis Côté, est le film d'une jeune femme, Pia Marais, née en Afrique du Sud et qui vit maintenant en Allemagne. Son film a un très mauvais titre, Layla Fourie, le nom du personnage principal, une jeune mère qui élève seule son fils de huit ans et qui vient de se faire embaucher comme opératrice de polygraphe à Soweto.

Traces de l'apartheid

Le titre est mauvais, mais le film est puissant, haletant et engageant. On vit le drame intérieur de cette femme qui risque de tout perdre pour une erreur dramatique qu'elle a commise. C'est une actrice d'Afrique du Sud, Rayna Campbell, qui l'incarne avec finesse.

Même s'il ne s'agit pas d'un film politique sur l'apartheid, les traces douloureuses laissées par ce régime y apparaissent en toile de fond.

En même temps, il y a aussi quelque chose de très universel dans ce film qui explore avec sensibilité et brio l'énorme poids physique et psychologique du mensonge.

Avec une cinéaste comme Susanne Bier (After The Wedding, In a Better World) sur le jury, Laya Fourie pourrait bien repartir de Berlin avec un Ours ou un autre.

En parlant d'ours, petit retour sur Vic et Flo ont vu un ours de Denis Côté, présenté en grande pompe dimanche soir au Palais des Festivals. Depuis, les critiques sont sorties et elles sont pour la plupart favorables.

Le critique du Village Voice Scott Foundas lui a donné quatre étoiles dans l'édition berlinoise de Screen Magazine. Cette revue publie les votes quotidiens de huit critiques internationaux. Vic et Flo y fait bonne figure avec des deux et trois étoiles, et un seul X pour très mauvais film.

Les paris demeurent donc ouverts. L'an passé, le cinéma québécois et Rebelle ont vu un Ours d'argent de près grâce au prix d'interprétation remporté par Rachelle Mwanza. On souhaite à Vic et Flo d'en voir un semblable.