L'ancien directeur du festival international du film de Busan (Biff) a été inculpé mardi de détournements de fonds en Corée du Sud, accusations motivées selon ses soutiens par des considérations politiques.

L'avenir du premier festival de cinéma d'Asie est menacé à cause de cette querelle, provoquée par la programmation en 2014 d'un film sur la gestion par le gouvernement de la catastrophe du ferry Sewol.

Ce documentaire sans concessions fustigeait l'inefficacité des secours après ce naufrage en avril 2014, qui avait fait 304 morts, dont 250 lycéens.

Lee Yong-Kwan avait été acculé au départ en février après cinq années passées aux fonctions de directeur artistique du festival.

Il est accusé d'avoir effectué des paiements frauduleux d'un montant total de 27,5 millions de wons (30 000 $) à une entreprise spécialisée dans la commandite.

Outre M. Lee, trois autres organisateurs - actuels et anciens - ont été inculpés mardi par le parquet.

«Nous cherchons à punir ceux qui ont dilapidé les fonds du festival sans discernement», a déclaré le principal enquêteur Song Sam-Hyon, cité par l'agence sud-coréenne Yonhap.

Le parquet avait ouvert une enquête en 2015 sur cette affaire à la demande de la municipalité de Busan, principal partenaire du Biff.

Le conseil municipal et les organisateurs avaient eu des mots dès la première mondiale de Diving Bell, également intitulé The Truth Shall Not Sink With Sewol.

Le maire de Busan, Suh Byung-Hoo, qui est également le président du Festival, jugeait le film «trop politique».

Le film avait été projeté mais le comité organisateur du festival avait ensuite été l'objet de toute une série d'enquêtes et d'audits, tandis que ses subventions avaient été considérablement réduites.

En réaction, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, avait rédigé une lettre ouverte au maire de Busan.

Le texte avait été signé par une centaine de personnalités du cinéma, parmi lesquelles le directeur artistique de la Mostra de Venise Alberto Barbera, le président de la Berlinale Dieter Kosslick, des responsables des festivals de Toronto, Tribeca, Tokyo, Sydney, Osaka, Varsovie.

Les cinéastes sud-coréens menacent de boycotter l'édition 2016 de l'événement, estimant que son indépendance a été compromise.