L'avenir du plus grand festival de films de l'Asie demeure incertain alors que les cinéastes sud-coréens menacent de boycotter le tapis rouge de l'événement en raison de ce qu'ils voient comme de l'interférence de la part des autorités dans la programmation.

Les organisateurs du Festival international du film de Busan affirment que leur dispute avec la municipalité de Busan, leur plus important commanditaire, a commencé il y a deux ans lorsque les autorités sud-coréennes ont exprimé leur désaccord par rapport aux oeuvres choisies.

Elles s'opposaient principalement à la projection du documentaire The Truth Shall Not Sink With Sewol, qui reproche au gouvernement de la Corée du Sud d'avoir bâclé l'opération de sauvetage à la suite du naufrage du traversier Sewol durant lequel 304 personnes, pour la plupart des élèves du secondaire, ont perdu la vie.

La direction du Festival a défié l'ordre du maire de Busan, Suh Byung-soo, de ne pas présenter le film. Selon le responsable de la programmation de l'événement, Kim Ji-seok, c'est là que tous les problèmes ont commencé.

M. Kim, les autres organisateurs et les réalisateurs soutiennent que les autorités ont riposté en amputant de moitié le budget du Festival. La Ville de Busan a également ordonné la tenue d'un audit qui a découvert certaines dépenses injustifiées ou inexpliquées et entraîné le dépôt d'une plainte contre le directeur de l'événement, Lee Yong-kwan.

M. Lee, dont le mandat s'est terminé en février, est présentement sous enquête parce qu'il aurait fourni 474 millions de wons (520 000 $CAN) en commissions à des intermédiaires sans la documentation requise.

Le Festival de Busan met en vedette des films de jeunes cinéastes asiatiques et a souvent permis l'émergence de nouveaux talents, comme Jia Zhangke, qui a déjà remporté le Lion d'or au Festival du film de Venise.

Depuis la création de l'événement il y a plus de 20 ans, les cinéphiles et l'industrie surveillent toujours ce qui se passe à Busan, espérant tomber sur les prochains Wong Kar Wai ou Ang Lee.

Cette année, la municipalité a approuvé une commandite de six milliards de wons (6,6 millions $ CAN) pour le Festival, soit une somme comparable à celle accordée l'an dernier.

Mais plutôt que de se concentrer sur la programmation, les organisateurs se disputent avec les représentants municipaux afin de déterminer qui remplacera le maire Suh à la présidence du Festival. Si cette fonction a traditionnellement été assumée par le maire, les cinéastes veulent maintenant qu'elle soit confiée à quelqu'un du milieu cinématographique.

Kim Ji-seok, qui est aussi l'un des cofondateurs du Festival, prévient que l'événement ne pourra pas survivre si ses commanditaires et les politiciens continuent à se mêler de sa programmation.

Le prochain Festival de Busan doit avoir lieu du 6 au 15 octobre.