Membre du jury des courts métrages au 30e Festival international du film francophone (FIFF) de Namur, Ian Gailer se retrouve ici en terrain connu.

C'est que l'actuel directeur général du Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ) était encore, il y a six mois à peine, à la tête du populaire événement Regard sur le court métrage au Saguenay.

Le court métrage, donc, il connaît et continue à le défendre avec énergie.

«Le court métrage est l'endroit des possibles, dit l'homme de 34 ans qui parle vite et avec conviction. Il n'y a pas de restriction dans le court, sinon au niveau de la ligne artistique qu'un cinéaste veut se donner. Pour moi, le court est un art en soi. J'aimerais voir nos grands cinéastes québécois, les Villeneuve et Falardeau, refaire du court métrage.»

«Il y a un public pour le court.»

«Si le festival Regard a explosé, c'est forcément parce que ça fonctionne. Télé-Québec programme du court, tout comme TV5, TFO, etc. Ce qui signifie qu'il y a un public pour ça. Le problème, c'est que les courts vivent mieux en groupe que seuls. Avec tout le respect que j'ai pour mes contemporains, on ne dit pas: "Hé! Je vais aller voir le dernier court métrage de tel ou tel cinéaste." On se dit plutôt qu'on va aller voir un programme de courts métrages québécois, ou encore un programme de courts métrages d'horreur à Fantasia, etc.»

Ici, à Namur, la section des courts est divisée en plusieurs programmes: Compétition internationale, Compétition nationale, Compétition clips, Regards du présent, etc. Le jury, présidé par la comédienne Lubna Azabal, doit regarder une cinquantaine d'oeuvres.

La Compétition internationale comprend des films en provenance du Cambodge, de France, de Suisse, de Tunisie, de Roumanie, du Québec et autres. À noter qu'un des films, Waves '98 (coproduction Liban/Qatar) d'Ely Dagher, a remporté la Palme d'or du meilleur court à Cannes en mai dernier.

M. Gailer n'en est pas à sa première expérience à titre de juré. Il a participé entre autres à des événements en Suisse, à Moncton et au Royaume-Uni. Ici, à Namur, il profite de ses temps libres pour fermer les livres de la 5e présentation du FCVQ. «Le marathon n'est pas fini, dit-il. Le festival a été trois fois plus gros que les précédents.»

Bilan

Justement, quel bilan tire-t-il de cette première expérience? «On s'attendait à très bien et on a eu excellent, répond-il. La seule chose difficile, c'est qu'il a fait extrêmement beau. Donc, durant les projections de jour, le nombre d'entrées n'a pas été ce que j'avais prévu. Mais en soirée, c'était de loin meilleur.»

À son arrivée, M. Gailer et son équipe ont apporté plusieurs modifications au FCVQ: changement de ligne artistique, de catalogue, de lieux extérieurs, d'hôtel pour les invités, de lieux des rencontres, de site web, etc.

Il est particulièrement fier de la nouvelle façon de présenter les films à partir de trois critères (genre, type et situation).

Quelques exemples tirés du catalogue nous en donnent une idée plus claire: tel film est «un documentaire d'aventures sur la nature». Un autre est défini comme «une docufiction dramatique sur l'enfance».

«C'est une forme d'éditorial, dit M. Gailer. Au lieu de réécrire simplement un synopsis dans le catalogue, on va définir tel film selon ces trois critères. Le cinéaste connaît tout de suite la façon dont on a perçu son film.»

M. Gailer parle des transformations apportées en moins de cinq mois au FCVQ comme d'un «virage pop». «Et ce virage ne veut pas dire que nous allons présenter le dernier Transformer, lance-t-il. Il s'exprime davantage dans la médiation culturelle, dans la façon dont on s'adresse au public.»

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Les frais de ce reportage sont payés par le FIFF.