Le premier long métrage de Sonia Bonspille Boileau, fabriqué avec un microbudget, a pu trouver un bel écho auprès des cinéphiles tchèques.

C'est la beauté d'un festival de cinéma. Un film modeste peut parfois trouver à l'étranger un écho qu'il aura probablement du mal à obtenir chez lui. Dimanche en fin de soirée, les cinéphiles de Karlovy Vary faisaient la queue devant le Čas Cinema, qui compte 220 places, dans l'espoir de voir Le dep, un drame innu campé dans un petit village fictif québécois.

Sélectionné dans le volet compétitif du Forum des films indépendants, le premier long métrage de Sonia Bonspille Boileau n'est évidemment pas aussi exposé que les films sélectionnés en compétition officielle, mais il a quand même été présenté - en primeur mondiale - devant une salle comble. Au moins la moitié des spectateurs sont restés après la projection pour participer à une séance de questions-réponses avec l'équipe du film. La réalisatrice était accompagnée d'Ève Ringuette, l'actrice principale, et du producteur Jason Brennan.

Comme le film évoque des problèmes de violence familiale, l'intérêt des cinéphiles s'est surtout dirigé vers les conditions de vie des autochtones. La réalisatrice, d'origine mohawk, et l'actrice, d'origine innue, ont en outre expliqué que le scénario du film, sans être autobiographique, a quand même été nourri d'histoires personnelles vécues par elles ou par des proches.

«Je crois que les peuples autochtones sont en mesure de confronter les problèmes qui les affligent. Depuis quelques années, on remarque un nouvel intérêt pour leurs histoires au cinéma», affirme Sonia Bonspille Boileau, réalisatrice du film.

Un exercice sincère

Fabriqué pour 250 000 $ grâce au nouveau programme de production à microbudget instauré par Téléfilm Canada, Le dep, comme son titre l'indique, se déroule dans le dépanneur du village fictif de Tshikatin, sur la Côte-Nord. En cette soirée de fin de mois, Lydia (Ève Ringuette) se trouve à servir seule la clientèle du dépanneur appartenant à son père. Un homme encagoulé (Charles Buckell-Robertson), très nerveux, se présente et réclame le contenu de la caisse - et du coffre - à la pointe d'un fusil. Or, cet homme est loin d'être un inconnu pour la caissière. Ni pour le propriétaire, du reste.

Si Le bruit des arbres mise essentiellement sur la puissance d'évocation, Le dep regorge en revanche de dialogues explicatifs - parfois trop plaqués - pour exposer le drame des personnages. L'exercice est éminemment sincère, mais la réalisatrice n'a visiblement pas eu les moyens de transcender son propos pour en faire une oeuvre cinématographique plus accomplie. 

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Le dep prend l'affiche en salle au Québec le 7 août.