La musique a sa place, au 32e Festival international du film sur l'art (270 films, de 34 pays), avec une douzaine de réalisations dont deux nous intéressaient tout particulièrement: L'autre Karajan et Benjamin Britten-Peace and Conflict.

D'une durée de moins d'une heure, L'autre Karajan, d'Eric Schulz, est en allemand, avec sous-titres français et... une voix française qui nous parle de «malheur» à propos de Mahler.

Le titre original, Das zweite Leben, c'est-à-dire La seconde vie, décrit mieux le propos de ce film centré sur l'«éternité» de Karajan, cet être obsédé par l'idée de passer à l'histoire. On le voit même, à la fin, renier férocement tout ce qu'il a fait et souhaiter recommencer à zéro. Du bon spectacle.

Si un ou deux des nombreux intervenants osent dire que Karajan était «vaniteux» ou même «injuste», tous, l'obséquieuse Anne-Sophie Mutter en tête, montrent à l'endroit de leur idole une même admiration béate, totale et inconditionnelle qui fait sourire. L'un d'eux lance même: «Tout ce qu'il a fait est bon. Tout, sans exception.»

La caméra a surpris un court instant de sourire et même d'émotion sur le visage imperturbable. C'est peut-être cela, l'«autre» Karajan. Hélas! le vrai reste encore celui que ne gênait pas la pire grossièreté - qu'on se rappelle certaine répétition filmée de Don Giovanni - et qui, cette fois, se joint à la séance de fou rire où la respectable Société Liszt de Budapest est carrément tournée en ridicule.

Britten

Le centenaire de la naissance de Britten a inspiré au cinéaste Tony Britten (aucun lien de parenté connu) un documentaire dramatisé, en anglais seulement, axé sur le pacifiste qu'était aussi le compositeur britannique le plus célèbre de notre époque.

Le film reconstitue divers épisodes de la vie de Britten, principalement les années de collège du chétif adolescent, et ce, dans les lieux mêmes où ils se déroulèrent. Il manque cependant un élément au récit de l'exil en Amérique de Britten et son compagnon Peter Pears, comme objecteurs de conscience lors du conflit de 1939-1945. Le couple séjourna non seulement aux États-Unis, mais également au Canada: ici même, dans les Laurentides, ainsi qu'à Toronto.

Photos, lettres et interviews de musiciens complètent la projection de près de deux heures. Le film n'étant pas centré sur la musique de Britten, celle-ci y est présentée sommairement: beaucoup trop de musique chorale, un peu d'opéra, de quatuor à cordes et de violoncelle, presque rien en musique orchestrale.

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> L'autre Karajan, d'Eric Schulz. 52 minutes. Samedi 29 mars, 18h30, UQAM, salle 1.

> Benjamin Britten-Peace and Conflict, de Tony Britten. 110 minutes. Dimanche 30 mars, 13h30, Cinémathèque québécoise.