Né en 1986 dans la foulée d'un défi culturel lancé lors du Sommet de Paris, le Festival international du film francophone (FIFF) de Namur roule maintenant sa bosse sans coup férir. Pendant une semaine, la capitale wallonne devient l'épicentre du cinéma francophile en Europe. On propose ici pas moins de 150 productions, venues de l'espace francophone (au sens large), tel que défini par l'Organisation internationale de la Francophonie. Les pays ayant le français pour langue officielle occupent évidemment le haut du pavé, mais on retrouve aussi dans la sélection des oeuvres produites dans des territoires «sympathiques» à la francophonie, sans pour autant emprunter la langue de Molière comme langue d'usage.

Cela dit, le FIFF est clairement destiné à un public francophone, ainsi qu'aux professionnels venus de territoires où l'on maîtrise la langue française. Les films sont en effet projetés ici en version originale (sans sous-titres anglais), ou alors, avec des sous-titres français quand les personnages s'expriment dans une autre langue. Le but avoué de cet événement est de permettre à des oeuvres de rayonner davantage dans les pays membres de l'Organisation.

«Ce festival offre une vitrine européenne au cinéma d'auteur francophone dans toute sa richesse et sa diversité, a expliqué Olivier Gourmet au cours d'une interview accordée à La Presse. Je crois que Namur a beaucoup contribué au rayonnement du cinéma d'expression française en Europe, notamment celui produit au Québec et dans les pays africains.»

Une situation «compliquée»

Assumant la fonction de président d'honneur depuis six ans, le célèbre acteur belge se trouve ici à la maison. Né à Namur, Olivier Gourmet a grandi à Mirwart, petit village des Ardennes situé à proximité, dans lequel il est retourné vivre il y a maintenant 16 ans, après avoir habité longtemps à Liège.

«Je n'ai jamais senti le besoin d'aller m'installer ailleurs, dit celui qui fut révélé grâce à La promesse, le premier long métrage des frères Dardenne. Paris, c'est à trois heures de route à peine!»

Le président d'honneur reconnaît toutefois le caractère plus «compliqué» de la situation du cinéma francophone belge à l'intérieur de son territoire. Reconnu internationalement, le cinéma wallon peine à trouver son public chez lui.

«Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte, analyse Olivier Gourmet. Premièrement, nous sommes collés sur la France, un pays dont la culture domine ici. C'est-à-dire que dans leur vie de tous les jours, les Wallons s'immergent dans la culture de l'Hexagone en regardant prioritairement les chaînes françaises à la télé. »

Quand on lui fait remarquer que les Belges francophones ont un rapport à la France un peu semblable à celui que les Canadiens anglais entretiennent envers les États-Unis, l'acteur acquiesce. «C'est tout à fait ça! Et ensuite, il y a le problème de la diffusion. On ne trouve pratiquement plus de salles de petite taille en Belgique. Il n'y a que des complexes multisalles où seules les superproductions américaines ou françaises prennent l'affiche. N'étant pratiquement plus exposé aux films d'auteur, le public belge ne peut plus en développer le goût.

«Il y a quand même un bon côté à la chose, ajoute-t-il. N'ayant pas de public chez lui, le cinéma belge n'a aucune obligation de performance sur le plan commercial. Ainsi, tout est axé sur la création, l'originalité.»

Une forte représentation québécoise

Toujours bien représenté, le cinéma québécois, lauréat de trois Bayard d'or au cours des 10 dernières années, débarque une fois de plus en force à Namur. Gabrielle (Louise Archambault), Le démantèlement (Sébastien Pilote), Vic + Flo ont vu un ours (Denis Côté) et Gare du Nord, une coproduction franco-québécoise réalisée par Claire Simon, sont au nombre des 15 films en lice pour la récompense suprême du festival.

Présidé par la cinéaste Nadine Labaki (Et maintenant on va où?), le jury compte notamment en ses rangs le cinéaste québécois Hugo Latulipe (Alphée des étoiles est présenté hors compétition).

De leur côté, Sarah préfère la course (Chloé Robichaud) et Diego Star (Frédérick Pelletier) ont été sélectionnés dans la compétition Première oeuvre de fiction. Là où je suis (Myriam Magassouba) et La tête en bas (Maxime Giroux) concourent dans la compétition internationale des courts métrages.

Les longs métrages BÀ NÔI (Grand-maman) de Khoa Lê et La légende de Sarila (Nancy Florence Savard), ainsi que les courts métrages Les choses horribles (Vincent Biron), Daytona (François Jaros) et Quelqu'un d'extraordinaire (Monia Chokri) sont par ailleurs inscrits dans des sections non compétitives.

Lancé vendredi avec la présentation de l'excellent film d'Abdellatif Kechiche La vie d'Adèle - chapitres 1 et 2, le 28e FIFF se poursuit jusqu'au 4 octobre.

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Les frais de voyage ont été payés par le FIFF.