Fantasia, rendez-vous incontournable des amateurs de cinéma de genre, se poursuit dans différentes salles de l'Université Concordia et à la Cinémathèque. La Presse vous propose quatre suggestions parmi la foule de films bigarrés projetés jusqu'à jeudi prochain dans le cadre de cette 16e présentation.

COLUMBARIUM DE STEVE KERR (2012)

Première présentation pour cette solide production québécoise signée Steve Kerr, dont il s'agit du premier long métrage. Mathieu (David Boutin), banquier abonné à Wall Street, doit passer une semaine au chalet - un domaine! - familial avec son demi-frère Simon (Maxime Dumontier) et construire un columbarium pour honorer la mémoire du paternel mort récemment dans des circonstances qui restent à éclaircir. C'est la condition pour toucher un généreux héritage, condition qui deviendra une véritable épreuve pour les frères. Mathieu - par qui est racontée l'histoire - devra composer avec d'étranges visions, ce qui laisse le spectateur entrevoir le pire. Avec un budget modeste, Kerr propose un film léché au montage efficace qui élève le niveau de tension au fil du récit. De plus, un effet visuel original qui envahit progressivement l'écran confère un sentiment de claustrophobie au film, qui fait parfois penser à The Shining de Kubrick. - Philippe Renaud

Dimanche, 17h10, salle J.-A. DeSève

MONSTER'S CLUB DE TOSHIAKI TOYODA (2011)

Scénarisé et réalisé par le Japonais Toshiaki Toyoda (Blue Springs, Hanging Garden), Monster's Club a une place à part dans la longue tradition des histoires de fantômes du cinéma nippon. Le club dont il est question n'a qu'un membre. Son nom est Ryoichi et il vit reclus dans une cabane à la montagne, rejetant les diktats de la société moderne. Investi d'une «mission», il passe son temps à organiser sa subsistance (sans électricité) et à construire des bombes artisanales destinées aux bonzes de la société industrielle. Une sorte de Unabomber japonais qui aura le malheur de recevoir la visite des membres de sa famille - les vivants comme les morts. Drame existentialiste avant d'être un film fantastique, Monster's Club détonne avec son ton posé, la caméra léchée, presque poétique, de Toyoda, et sa narration hors champ qui nous permet d'approfondir la pensée politique du terroriste et de suivre sa dérive psychologique. - Philippe Renaud

Mercredi 8 août, 21h20, salle J.-A. DeSève

APRÈS LA PEINE D'ANH MINH TRUONG (2012)

Il y a pire que la peine de mort, et c'est la peine de mort à perpétuité: être condamné à mort à vie! C'est dans ce labyrinthe infernal qu'est perdu l'antihéros anonyme de ce premier long métrage d'Anh Minh Truong (un gars de Sherbrooke, apparemment), coupable d'un crime odieux pour lequel il sera mille fois puni. Nous sommes quelque part dans la campagne québécoise à l'aube du siècle dernier, le jeune homme s'éveille (Sasha Samar), visiblement en mauvais état, dans une maison où n'habite qu'une vieille femme (Monique Miller). Le jeune homme, amnésique, n'en apprendra pas beaucoup sur ce qui l'a mené ici, mais acceptera de faire quelques travaux pour rendre service à l'hôtesse providentielle. Le soir venu, empoisonné, il devra subir un procès populaire devant les parents endeuillés, procès lors duquel un juge improvisé (Jacques Godin) le condamne de plus belle à une mort certaine et méritée. L'homme est ensuite ramené à la vie puis transporté, endormi, dans la demeure de la vieille dame. Et le lendemain, tout recommence. Pensez à quelque chose comme Le jour de la marmotte en enfer. C'est une belle surprise que ce film à petit budget, produit par l'auteur lui-même, tiré d'un scénario vraiment original de Jean-Philippe Boudreau et majestueusement mis en musique par Samuel Laflamme. - Aleksi K. Lepage

Dimanche, 13h, salle J.-A. DeSève

EXCISION DE RICHARD BATES, JR. (2012)

Si le titre du film est des plus rébarbatifs, on ne devrait pas lever le nez sur ce petit rubis, Excision annonçant peut-être la venue d'un jeune cinéaste vraiment intéressant, l'Américain Richard Bates Jr., 25 ans. Excision relate les tourments de Pauline (AnneLynne McCord), adolescente supérieurement brillante donc malapprise, cynique et inapte en société. Une Donnie Darko au féminin. À l'école, ses camarades la laissent en paix, moins par respect que par crainte: Pauline a quelque chose d'une sorcière. De fait, elle entretient d'étranges et morbides fantasmes dans lesquels se mêlent le sexe et le sang, l'amour et la chirurgie, Éros et Thanatos. Sans cesse harcelée par sa maman impeccablement vertueuse (Traci Lords, l'ex-actrice porno, dans le contre-emploi de sa vie) et à peine consolée par un père abruti, Pauline finira par péter les plombs. Excision mélange tout, confond tout, on y passe de la comédie pour ados au film d'horreur. Au bout du compte, l'oeuvre laisse l'impression d'un mélange improbable et jouissif de Pretty in Pink, Juno, May, Ginger Snaps et Dead Ringers. Que de nobles références, tous genres confondus. - Aleksi K. Lepage

Samedi, 21h35, Théâtre Concordia Hall