Le 41e Festival du nouveau cinéma commence mercredi. Deux-cent-quatre-vingt-huit films en provenance de 52 pays y sont programmés, parmi lesquels plusieurs titres phares déjà présentés dans les grands festivals de cinéma internationaux. La Presse vous propose aujourd'hui quelques incontournables.

En présentation spéciale

LIFE OF PI

Ang Lee

Il en aura fallu bien des années et bien des cinéastes (parmi lesquels Jean-Pierre Jeunet, qui y a consacré en vain deux ans de sa vie) avant que l'adaptation cinématographique du célèbre roman de Yann Martel ne voie le jour. Ang Lee (Tigre et dragon, Brokeback Mountain), l'un des cinéastes les plus accomplis de notre époque, s'attaque non seulement à un récit réputé «inadaptable», mais il emprunte aussi la technologie 3D. Un jeune inconnu de

17 ans, Suraj Sharma, hérite du rôle de Pi. Il est entouré de Gérard Depardieu (le chef) et Irrfan Khan (Pi adulte). Après avoir ouvert le 50e Festival du film de New York, la semaine dernière, Life of Pi sera présenté en première canadienne au FNC le

20 octobre, en présence de l'auteur Yann Martel.

Forte présence du cinéma québécois

Le cinéma d'ici est présent dans

plusieurs des sections du FNC. À la quinzaine de productions québécoises retenues dans la section Focus, il faut aussi ajouter quelques titres sélectionnés dans les autres programmes. Trois longs métrages de fiction, présentés en primeur mondiale ou nord-américaine, sont particulièrement attendus.

LA MISE À L'AVEUGLE

Simon Galiero

Le film d'ouverture du 41e FNC est signé Simon Galiero, un auteur-cinéaste qui, grâce à Nuages sur la ville, s'était avantageusement fait remarquer en 2009. Ce deuxième long métrage s'attarde à dresser le portrait d'une femme mûre qui décide de regagner le quartier de son enfance. Avec Micheline Bernard, Louis Sincennes, et Julien Poulin.

MARS ET AVRIL

Martin Villeneuve

Ouvrant la section Focus, consacrée au cinéma québécois et canadien, ce premier long métrage de Martin Villeneuve explore un genre rarement abordé dans notre cinématographie: la science-fiction. Lancé cet été au festival de Karlovy Vary, Mars et Avril transporte Jacques Languirand, Paul Ahmarani, Caroline Dhavernas et Robert Lepage dans le Montréal des années 3000.

LE TORRENT

Simon Lavoie

Après Le déserteur, réalisé en solo, et Laurentie, coréalisé avec Mathieu Denis, Simon Lavoie porte à l'écran le recueil de nouvelles d'Anne Hébert. Se déroulant dans les années 20, Le torrent relate l'histoire d'un jeune homme qui refuse de devenir prêtre, soulevant ainsi l'ire de sa mère. Dominique Quesnel, Victor Andrés Trelles Turgeon, et Laurence Leboeuf en sont les têtes d'affiche.

Des films venus d'ailleurs

DANS LA MAISON

François Ozon

Fabrice Luchini se glisse dans la peau d'un professeur de français découragé par la piètre performance générale de ses élèves. Lorsque l'un d'eux (Ernst Umhauer), âgé de 16 ans, affiche un certain talent d'écriture, le prof s'emballe. Et encourage le jeune auteur à poursuivre. Pour ce faire, ce dernier s'immisce dans une famille. Tout ce qui fait habituellement la force du cinéma de François Ozon se retrouve dans ce suspense jubilatoire, dans lequel le personnage du jeune auteur devient le vecteur des fantasmes de ceux qu'il côtoie. Inspiré du Garçon du dernier rang, une pièce de théâtre de Juan Mayorga, Dans la maison distille un regard à la fois ironique, grinçant et drôle, qui n'épargne personne. Prix de la critique à Toronto et prix du meilleur film à San Sebastian.

À PERDRE LA RAISON

Joachim Lafosse

Lors de la soirée de clôture de la section Un certain regard du Festival de Cannes, le président du jury Tim Roth annonçait qu'il y avait cette année deux prix d'interprétation féminine. L'un est allé à Suzanne Clément (Laurence Anyways), l'autre à Émilie Dequenne, formidable dans Aimer à perdre la raison. Le plus récent film du cinéaste belge Joachim Lafosse (Élève libre), qui ne craint pas les histoires troubles et dramatiques, relate en un long retour en arrière comment une femme, amoureuse d'un homme vivant sous le joug d'un père adoptif (Tahar Rahim et Niels Arestrup), en est venue à commettre l'irréparable. Très fort.

CAMILLE REDOUBLE

Noémie Lvovsky

Étrangement, Noémie Lvovsky explore pratiquement ici le même thème que Sylvie Testud avec La vie d'une autre. Mais, contrairement à sa consoeur, l'actrice-cinéaste propose un film bourré de charme, qui fonctionne grâce à l'authenticité des personnages. L'exploit n'est pas mince. Dans cette histoire où une femme de 40 ans se retrouve soudainement rétrogradée en 1986, soit à l'âge de ses 16 ans, Noémie Lvovsky interprète elle-même l'adolescente. Le regard d'adulte du personnage fait en sorte que la situation reste plausible, malgré le caractère pour le moins inusité de cette histoire. Camille redouble clôturera le FNC.

AU-DELÀ DES COLLINES

Cristian Mungiu

Cinq ans après 4 mois, 3 semaines et 2 jours, qui lui valut la Palme d'or du Festival de Cannes, le cinéaste roumain Cristian Mungiu livre un autre film admirable. Campée à l'intérieur d'un couvent dirigé par un prêtre rigoriste, l'intrigue d'Au-delà des collines est centrée sur la tentative de guérison d'une jeune fille apparemment «possédée du démon», amenée là par sa meilleure amie. Le dernier acte, parfaitement jubilatoire, est très grinçant. Et surprend par son caractère complètement inattendu. Rappelons que Mungiu a été récompensé à Cannes par le prix du meilleur scénario. Les deux actrices, Cristina Flutur et Cosmina Stratan, ont de leur côté obtenu le prix d'interprétation féminine.

PARADIS: AMOUR

Ulrich Seidl

Le tourisme sexuel n'est pas que l'apanage des hommes. Certains jeunes Kényans le savent bien. Et partent à l'affût d'une «Sugar Mama» potentielle dès qu'une femme blanche plus mûre se pointe à l'horizon. Dans Paradies: Liebe, premier volet d'une trilogie consacrée à l'amour, la foi et l'espoir, Seidl montre frontalement la quête d'une Autrichienne quinquagénaire en vacances au soleil, en mal de sexe et d'amour. À Cannes, certains festivaliers ont rejeté d'emblée le film de Seidl, ne voyant que complaisance dans les batifolages sexuels de ces femmes dont les corps, montrés nus très souvent, ne correspondent en rien aux normes établies par les magazines. Au contraire, Paradis: Amour est un film aussi triste que courageux.

Le 41e Festival du nouveau cinéma a lieu du 10 au 21 octobre.