Madeline's Madeline est un film intrépide, casse-cou, aventureux, plus dans sa forme que dans son fond. Et c'est sans doute en raison de cette mise en scène hors du commun que plusieurs spectateurs risquent de trouver l'histoire rébarbative.

À commencer pour nous, assumons-le, dans la première moitié de l'histoire qui vagabonde sans beaucoup avancer entre imaginaire, réalité et exercice théâtral.

Tantôt un chat, tantôt une tortue de mer, souvent troublée, traînant quelques tics, Madeline (Helena Howard) est une énigme. Est-elle bipolaire ? Droguée ? Dépressive ? Ou simplement bousculée intérieurement par le regard que posent les gens de son entourage sur elle ?

Pour accepter cette proposition, il faut s'abandonner. Lâcher ses repères, donner la main au personnage central, ouvrir grand les yeux et voir où cela va nous mener. Si vous allez au bout de l'exercice, le film de Josephine Decker finira par vous prendre et vous ébranler.

Surtout dans son dénouement où Madeline, appelée à faire une improvisation devant sa troupe de théâtre, joue à fond la carte d'un mimétisme nourri par sa relation avec sa mère Regina (Miranda July). Une scène troublante, dérangeante, inoubliable.

Idem avec la scène finale alors qu'Evangeline (Molly Parker), professeure de théâtre qui se fait aspirer, littéralement, par son entêtement à vouloir créer une pièce autour de la psyché de Madeline. On touche presque ici au film d'horreur, au rite sacrificiel.

Si la mise en scène du film est brillante, elle ne pourrait être mise en valeur sans une performance exceptionnelle des principales interprètes. Et c'est le cas ! Toutes trois crèvent l'écran, à commencer par Helena Howard qui joue ici dans son premier film avec une conviction et un sens de l'intériorité étonnants. À coup sûr, on reverra bientôt cette jeune femme au grand écran.

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Madeline's Madeline. Drame d'Helena Howard. Avec Miranda July et Molly Parker. 1 h 33.

Consultez l'horaire du film.

PHOTO FOURNIE PAR OSCILLOSCOPE LABORATORIES

Madeline's Madeline