Si vous aimez l'Angleterre, ses moeurs feutrées, ses paysages au charme suranné, son accent distingué, vous serez happé par On Chesil Beach. Dès les premiers plans, le long métrage de Dominic Cooke nous fait penser aux films de Joseph Losey, à la belle époque du cinéma «so british!».

Malheureusement, malgré des images à couper le souffle et une musique magnifique (Haydn, Mozart, Bach, etc.), On Chesil Beach ne parvient pas à nous convaincre de la vraisemblance de cette histoire de classe et de tabou sexuel. 

Le réalisateur porte à l'écran le roman de l'auteur à succès Ian McEwan, qui signe le scénario. Il dirige impeccablement Saoirse Ronan et Billy Howle dans les rôles principaux du couple de jeunes mariés. Ronan et Howle sont parmi les meilleurs interprètes de leur génération au cinéma. La première s'est fait connaître dans Brooklyn, puis Lady Bird; le second est un acteur britannique qui fait penser à un jeune Michael York. La chimie opère parfaitement entre les deux, tellement qu'on a de la difficulté à croire qu'ils aient si peur de consommer leur nuit de noces. Le cinéaste a beau semer plusieurs pistes pour nous indiquer la frigidité de Florence, cela passe difficilement l'épreuve de la vérité. 

Passant constamment du présent (dans la chambre des mariés à l'auberge) au passé (leur rencontre et leur idylle dans la campagne anglaise), de l'intimité aux scènes en famille, Dominic Cooke fait un portrait d'une Angleterre entre deux eaux. Son film a un pied dans le puritanisme et la bourgeoisie classique, l'autre dans le «Swinging London» et la culture pop.

Hélas, le réalisateur précipite le récit et rate totalement sa fin, en tombant dans le pur mélo. En comparaison, Jacques Demy fait preuve de réserve dans Les parapluies de Cherbourg. On frise le ridicule. Dommage.

On Chesil Beach. Drame de Dominic Cooke. Avec Saoirse Ronan, Billy Howle, Emily Watson. 1h50.

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image fournie par Bleecker Street

On Chesil Beach