On pouvait s'attendre au pire. Deux jeunes réalisateurs jugés trop ambitieux, renvoyés au dernier moment, au profit de... Ron Howard. Non, Solo: A Star Wars Story, deuxième produit dérivé de la célèbre série sous forme d'antépisode, ne révolutionne pas le genre. Son traitement est somme toute classique, en phase avec la majorité des autres épisodes et l'esthétique générale de Star Wars.

On ne réinvente pas la roue avec un cinéaste comme Ron Howard à la barre (en remplacement de Phil Lord et Chris Miller). Mais on s'assure que le navire sera mené à bon port. Le cinéaste de Splash, d'Apollo 13 et d'A Beautiful Mind sait produire (la plupart du temps) des films grand public de qualité. Et c'est exactement ce qu'est ce Solo.

Dans ce film qui se déroule une dizaine d'années avant l'intrigue de l'original Star Wars, on découvre des éléments de la jeunesse de Han, sa rencontre avec son fidèle acolyte Chewbacca, l'origine du patronyme Solo et cette fameuse partie de cartes qui a fait perdre à Lando Calrissian son vaisseau chéri, le Millennium Falcon.

Les références aux autres films de la saga sont juste assez nombreuses. Il y a un bon dosage et un bel équilibre entre le vieux et le neuf (une évocation de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, dont le fer de lance est un robot contestataire).

Surtout, le film ne se prend pas au sérieux, à l'image du personnage de Han Solo, reconnu pour son humour pince-sans-rire. Les scénaristes, Lawrence Kasdan (coauteur de The Empire Strikes Back, le meilleur des Stars Wars, toutes époques confondues) et son fils Jonathan, auraient sans doute pu se permettre plus de liberté et d'audace dans l'humour et l'ironie, mais le ton général ne jure pas avec la personnalité du sardonique corsaire de l'espace.

Alden Ehrenreich, révélé il y a près de 10 ans dans un film raté de Francis Ford Coppola, Tetro (en compagnie de Vincent Gallo), a des airs de jeune premier de l'âge d'or d'Hollywood. Il en fait juste assez pour nous rappeler Harrison Ford avec ses mimiques, ses sourires et ses clins d'oeil, sans toutefois tomber dans le pastiche. Il lui manque peut-être du bagout pour incarner cet intrépide qui voulait être hors-la-loi, mais il s'acquitte bien de sa lourde tâche. Plus convaincants sont Woody Harrelson, dans le rôle de Becket, sorte de père spirituel de Solo, et Donald Glover en jeune Lando Calrissian, son faux-frère enjôleur.

Retour à la bonne moyenne

Solo: A Star Wars Story n'est peut-être pas une réussite à la hauteur de Rogue One, le premier film dérivé de la saga intergalactique. Il ne propose pas d'esthétique nouvelle (plus réaliste et moins lisse) ni de dénouement particulièrement inattendu. Les enjeux de l'intrigue semblent assez triviaux - on ne sauve pas de planète - et l'histoire d'amour avec le personnage de Q'ira (Emilia Clarke, révélée par Game of Thrones) manque de tonus.

Le scénario n'est pas particulièrement original, les invraisemblances se multiplient (même dans un univers de science-fiction où tout semble pourtant possible), et on se doute bien que Chewy et Han vont survivre à leurs aventures périlleuses (une limite propre au concept d'antépisode).

En revanche, après le demi-ratage de The Last Jedi, ce western spatial marque un retour à la bonne moyenne dans l'ensemble de la filmographie portant le sceau Star Wars. Pour peu qu'on soit fan de la série, on trouve son compte et on ne s'ennuie pas. C'est déjà beaucoup pour un projet qui avait autant de plomb dans l'aile.

* * * 1/2

Solo: A Star Wars Story (V. F.: Solo - Une histoire de Star Wars). Science-fiction de Ron Howard. Avec Alden Ehrenreich, Emilia Clarke et Donald Glover. 2 h 15.

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photo imdb