Claire l'hiver, c'est un peu l'équivalent de Tu dors Nicole, une chronique de l'ennui, mais qui se déroule pendant la saison froide. Même rythme lancinant, même personnage principal qui se cherche, même absence d'enjeu dramatique sauf celui-ci : avoir 20 ans et trouver un sens à sa vie n'est pas une partie de plaisir.

De la caméra subjective, un peu d'animation, du stop motion, il y a beaucoup de fantaisie dans ce premier long métrage de fiction de Sophie Bédard Marcotte. Le film, fait avec trois fois rien, charme par sa fraîcheur et son héroïne attachante (Sophie Bédard Marcotte elle-même), drôle et vivante même si elle passe manifestement à travers un sale moment.

Bien sûr, traduire l'ennui n'est pas particulièrement dynamique - on retiendra (ou pas) un balai de déneigeuse qui dure de très longues minutes. Mais cette succession de petites scènes du quotidien finit malgré tout par être remplie des espoirs et déceptions de Claire, de son autodérision, de son désir de créer, d'entretenir des liens et de se défendre contre l'adversité.

Surtout, il y a dans Claire l'hiver l'art salvateur, l'art qui sert à faire du signifiant malgré le vertige de cette vie qui s'ouvre devant elle. Bancal, parfois trivial - manger la bouche ouverte devant la caméra, est-ce vraiment nécessaire ? - mais aussi touchant - la scène où Claire se fait refuser une demande de subvention vaut à elle seule le détour - et amusant, Claire l'hiver porte une vraie signature, celle d'un esprit libre et original qui marche à côté des sentiers battus. Plus que prometteur.

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Claire l'hiver. Chronique de Sophie Bédard Marcotte. Avec Sophie Bédard Marcotte, Alexa-Jeanne Dubé et Samuel Brassard. 1 h 04.