Synopsis: Un caméraman est envoyé dans un village du Nunavik afin de tourner des images d'archives pour le gouvernement qui veut déplacer ses habitants, au profit d'un projet minier.

Ce curieux film, pratiquement fait à la mitaine et dans la solitude par Robin Aubert, est une expérience à vivre. À la fois documentaire et fiction, Tuktuq propose des images magnifiques des grands espaces du Nunavik et du mode de vie des Inuits, mais ce qui n'aurait pu être qu'un film contemplatif se transforme, par la narration, en pamphlet engagé. 

Martin (Robin Aubert), celui qui tourne ces images, a été envoyé dans le Nord pour documenter la vie des habitants d'un petit village qui seront déplacés pour les besoins d'un projet minier du gouvernement. Il parle régulièrement au téléphone avec un sous-ministre (voix du cinéaste Robert Morin, de toute évidence une influence d'Aubert pour Tuktuq), un homme cynique qui n'a que faire des états d'âme du caméraman, de plus en plus touché intérieurement par la beauté de ce qu'il filme. 

Or, le sous-ministre ne veut pas de cette beauté, mais des images un peu plus dures - de dépeçages d'animaux, entre autres - qui viendront conforter les préjugés. Le spectateur est ainsi placé dans une situation paradoxale, puisque les images qu'il voit pourraient bien être utilisées contre les gens qui sont filmés, et c'est son regard qu'il doit alors remettre en question. Martin, ému par son séjour, finira par dire à son amoureuse qu'il ne veut plus être neutre, qu'il veut avoir un point de vue sur le monde. 

Finalement, Tuktuq se révèle être un film non pas tant sur les Inuits que sur la naissance d'une conscience, qui nous ouvre à nous aussi les yeux. Ça ne fera pas courir les foules au cinéma, on s'en doute, et c'est dommage, car Tuktuq est une réussite bouleversante.

Tuktuq. Docufiction de Robin Aubert. Avec Robin Aubert, Robert Morin, Brigitte Poupart. 1h35.

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Image fournie par K-Films Amérique