L'avarice est un penchant honteux et méprisé, qui a donné quelques bons personnages populaires, comme le Harpagon de Molière et, plus près de nous, l'increvable Séraphin Poudrier. Ce vilain défaut est finalement un généreux filon pour la comédie, poussé à l'extrême dans Radin! de Fred Cavayé (À bout portantMea Culpa).

Parce qu'il est né d'un père dépensier qui a rendu sa mère malheureuse, François Gauthier (Dany Boon), violoniste professionnel, est devenu maladivement économe. Il ne coupe pas les sous en deux, mais en dix, épargnant sur absolument tout, les transports, les vêtements, l'électricité, l'eau chaude, la nourriture - il n'hésite pas à manger du périmé depuis longtemps. Bref, c'est un radin, qui se cache de ses collègues quand vient le temps d'une collecte pour un cadeau ou une bonne cause, et son obsession l'isole non seulement des autres, mais elle est aussi un obstacle à l'amour. Trop chère pour lui, la vie à deux, et la seule personne qui brise un peu sa solitude est son banquier, qu'il utilise comme psychanalyste, sans le payer bien sûr. Une famille comme celle de son voisin au bord de la faillite et de la crise de nerfs? N'y pensez même pas.

La vie de François va basculer lorsqu'un jour, la jeune Laura (Noémie Schmidt) débarque pour lui annoncer qu'elle est sa fille biologique. De fait, elle a été conçue par accident (et radinerie), François ayant utilisé à l'époque un condom périmé! Pendant toute sa vie, sa mère, voulant lui épargner la vérité, lui a raconté que son géniteur était un homme généreux qui finançait un orphelinat au Mexique... De radin dont tout le monde se moque, François devient aux yeux de ses voisins et collègues, et plus particulièrement de Valérie (Laurence Arné) qui a le béguin, un héros qui sacrifie son confort au profit des déshérités, un véritable écologiste conséquent vivant dans une intense simplicité volontaire. Pendant combien de temps tiendra-t-il avant que la vérité éclate?

Radin! est le film d'un seul homme, Dany Boon, révélé au cinéma par Bienvenue chez les Ch'tis, qui est de tous les plans, les personnages secondaires étant vraiment secondaires. 

Il est le premier violon de l'orchestre, et jamais il ne joue faux dans cette partition qui aurait pu être ingrate, tellement son personnage est coincé, épouvantable par moments, portant toujours le même costume qui lui donne des airs de Mister Bean.

Tout le comique repose sur les situations qui, pour le commun des mortels, sont bien ordinaires, mais de vraies épreuves pour ce grave névrosé du portefeuille. Et malgré les petites notes qu'on lui donne, Laurence Arné réussit à tirer son épingle du jeu dans quelques scènes hilarantes où François fait des contorsions absurdes pour ne pas payer le moindre sou lors d'un souper au restaurant ou d'une soirée caritative. Bon, comme on s'en doute, ça se termine par les inévitables bons sentiments et l'obligatoire prise de conscience du personnage, mais disons que Radin!, déjà millionnaire au box-office en France, vaut bien le prix de son billet, même pour les plus grippe-sous.

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Radin! Comédie de Fred Cavayé. Avec Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt. 1h29.

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Image fournie par AZ Films