Il y avait une fraîcheur, une naïveté et quelque chose d'imprévisible dans ce Napoleon Dynamite (2004) grâce auquel Jared Hess a fait son entrée au cinéma. Au point où le film est depuis devenu culte.

Même si le réalisateur a continué à se pencher sur des personnages excentriques, marginaux, bizarres, à côté de la plaque, alouette!, il y avait un peu moins de fraîcheur, de naïveté, etc. dans Nacho Libre (2006). Et encore moins dans Gentlemen Bronco (2009).

Les critiques ont suivi cette tendance vers le «moins».

Eh bien, nouvelle douce-amère: bien que la barre placée haut avec le mythique Napoleon soit encore loin d'être atteinte, la dégringolade se fait un peu moins raide avec Masterminds. En fait, il y a même là une très légère remontée: cette comédie a en effet quelques bons moments, bien qu'elle semble parfois ramenée sur terre par le fait vécu qui l'a inspirée au lieu de carrément décoller/déconner.

Le franchement éclaté et l'absurde qui auraient servi le film affleurent ici et là, souvent sans rapport direct avec l'intrigue, avant d'aller «se cacher».

Or, le totalement assumé aurait été préférable... surtout porté par l'ineffable Zach Galifianakis.

Celui-ci, portant l'une des affreuses perruques qui pullulent dans la production, incarne David Ghantt, un type ordinaire à la vie pas compliquée. En cette année 1997, il conduit un camion blindé de l'entreprise Fargo Loomis et transporte quotidiennement des millions de dollars dont il ne verra jamais la couleur.

Jusqu'à ce que sa collègue Kelly Campbell (Kristen Wiig, qui parvient à donner un peu de dimension à son personnage), pour qui il a un gros faible, le convainque de se joindre à une bande de malfrats menée par un certain Steve Chambers (Owen Wilson) et de piquer une certaine quantité de billets verts.

La chance du débutant

Dire que la combine est foireuse est un euphémisme. Mais, peut-être grâce à la chance du débutant, Ghantt va dérober plus de 17 millions. Dont il verra à peine la couleur. S'ensuivra une fuite vers le Mexique, un tueur à gages sur les talons (Jason Sudeikis).

Mais David Ghantt n'a pas dit son dernier mot. Zach Galifianakis non plus: bien qu'il ait déjà été plus drôle (The Hangover) et plus étrange (The Campaign) ou plus imprévisible (It's Kind of a Funny Story), il est au coeur des moments les plus amusants de Masterminds. Des pires aussi. On pourrait arguer qu'il est presque toujours à l'écran et on n'aurait pas tort. Mais quand même. La séance de photos avec Kate McKinnon (impayable dans le rôle de la fiancée creepy), la bromance à la plage en compagnie de Jason Sudeikis, le duel avec l'anguille, il fallait le faire. Il l'a fait.

Sauf que ces quelques moments, placés là parce qu'ils sont drôles, mais sans avoir de lien direct avec l'intrigue, apparaissent gratuits. Et le sont.

* * 1/2

Masterminds (V.F.: Les grands génies). Comédie de Jared Hess. Avec Zach Galifianakis, Owen Wilson, Kristen Wiig, Jason Sudeikis. 1h36.

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Image fournie par Les Films Séville