Bridget Jones's Diary d'Helen Fielding a été un immense succès de librairie dans les années 90 avant de devenir un succès au box-office au début des années 2000, ce qui a bien évidemment mené à une suite, Bridget Jones: The Edge of Reason, en 2004. Pour ce troisième film, censé conclure une trilogie (mais rien n'est moins sûr), on retrouve non seulement des personnages appréciés, mais aussi l'équipe du premier film: Sharon McGuire derrière la caméra, et Fielding au scénario, lequel s'éloigne beaucoup du troisième roman dans lequel Bridget était la veuve de Mark Darcy.

Qu'est devenue Bridget (Renée Zellweger), une douzaine d'années plus tard? À 43 ans, côté professionnel, elle est aux prises avec une nouvelle patronne allergique aux plus de 40 ans qui veut changer complètement le «branding» de la chaîne télé où elle travaille - ce qui donne de savoureuses illustrations sur les dérives de l'info-spectacle.

Côté sentimental, elle est de retour à la case départ, toujours célibataire. Et on a un peu d'espoir d'un changement d'attitude au début, lorsqu'elle préfère danser sur l'énergique chanson Jump Around plutôt que de pleurer sur la larmoyante All By Myself. Bridget serait-elle en train de s'assumer? Mais on dirait bien qu'on ne peut pas vraiment faire un film sur une femme heureuse dans son célibat (les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu), et la franchise Bridget Jones ne peut se passer d'un happy end, qui arrivera sans aucun doute après beaucoup de contorsions.

Bridget la maladroite n'a pas changé, et elle se met toujours les pieds dans le plat.

Après une aventure d'un soir avec le beau Jack (Patrick Dempsey) lors d'un festival de musique, elle croise quelques jours plus tard son ex, Mark Darcy (Colin Firth), qui ne l'a jamais oubliée. Elle l'a quitté parce qu'il travaillait trop, mais ils renouent quand même charnellement pour une nuit.

Quelque temps plus tard, Bridget découvre qu'elle est enceinte, sans savoir qui, de Jack ou de Mark, est le père biologique de l'enfant qu'elle porte. Par ses omissions et son refus de faire de la peine, elle se retrouve avec deux hommes qui pensent être le géniteur et qui veulent prendre leurs responsabilités, ce qui donne des scènes cocasses chez l'obstétricienne (jouée par Emma Thompson, qui a aussi participé au scénario). Qui choisira-t-elle? Le père, ou l'homme qu'elle aime? Et qui de ces deux-là passera outre la génétique pour l'aimer, elle?

De toute évidence, Bridget Jones a un petit fond polyamoureuse. Les trois films avaient comme base de l'intrigue son déchirement entre deux hommes - Hugh Grant a disparu, on vous laisse la surprise de découvrir comment -, un combat de coqs ici aggravé par la paternité. Qu'on le veuille ou pas, et même si c'est plutôt bien amené, la formule sent un peu le réchauffé. Surtout que depuis quelques années, les comédies qu'on dit «pour filles» ont beaucoup changé, avec une nouvelle génération qui bouscule les codes et les conventions - pensons par exemple à Amy Schumer.

Bridget, malgré tout ce qui la rend attachante, ne s'écarte pas du rêve formaté de la comédie romantique où le summum du bonheur pour une femme, l'ultime horizon, est d'être aimée par un homme (et surtout deux), idéalement riche, d'avoir un bébé et, inévitablement, un beau mariage. Il reste le plaisir de retrouver Renée Zellweger - le personnage de Bridget lui collera toujours à la peau -, et le charmant Colin Firth, qui incarne dans nos têtes, depuis la série Pride and Prejudice en 1995, l'image même de l'imperturbable et irrésistible Mark Darcy.

**1/2

Bridget Jones's Baby (V.F.: Le bébé de Bridget Jones). Comédie de Sharon McGuire. Avec Renée Zellweger, Colin Firth, Patrick Dempsey. 2h05

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Image fournie par Universal Pictures