Un film sur la route des vins signé Kervern et Delépine avec Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde en duo père et fils? Que voilà un projet intéressant! À la manière des frères Coen, les réalisateurs français Gustave Kervern et Benoît Delépine sont passés maîtres dans l'art de faire rire les cinéphiles avec leurs dialogues hilarants et leurs curieux personnages placés dans des situations rocambolesques.

Saint Amour, leur septième collaboration, suit la même ligne directrice. Dans ce road trip familial, Bruno (Benoît Poelvoorde) et son père Jean (Gérard Depardieu) délaissent momentanément le métier d'agriculteur (ils n'ont qu'une semaine de vacances) afin de partir sur la route des vins en compagnie de Mike (Vincent Lacoste, efficace), un chauffeur de taxi devenu bien malgré lui membre à part entière de cette folle chevauchée.

Du Beaujolais (d'où est issue l'appellation Saint Amour) à la vallée du Rhône en passant par le Bordelais, les trois comparses font de nombreuses rencontres, parfois marquantes, souvent étranges. Que ce soit la croqueuse d'hommes de l'agence immobilière, le propriétaire de la chambre d'hôte un peu louche (incarné par Michel Houellebecq), la jeune femme inquiète de la dette de son pays ou Vénus (Céline Sallette), la cavalière préménopausée souhaitant à tout prix concevoir un enfant, Kervern et Delépine s'en donnent à coeur joie avec cette jolie galerie de personnages.

Cela leur permet d'aborder au passage les problèmes d'alcoolisme de Bruno et son manque de confiance avec les femmes, la difficulté de faire son deuil (le père a perdu sa femme, mais laisse toujours des messages à la défunte), la complexité des relations père-fils ainsi que la faible reconnaissance dont jouissent les agriculteurs. D'ailleurs, les réalisateurs ne se gênent pas pour évoquer le manque de relève en agriculture, avec toutefois moins de résonance que Le démantèlement de Sébastien Pilote.

Gérard Depardieu, arborant les cheveux blanchis, est attendrissant dans le rôle de ce père souhaitant se rapprocher de son fils afin de le remettre sur le droit chemin. 

Benoît Poelvoorde, acteur fétiche du tandem Kervern-Delépine (il s'agit de leur cinquième collaboration), s'illustre dans un rôle qui lui va comme un gant. Il faut le voir expliquer les 10 stades de l'ivresse avec mimiques à l'appui ou jouer au snobinard du vin mesurant la longueur en bouche d'un cru.

Tourné en seulement neuf jours, Saint Amour ne réinvente pas la roue côté mise en scène. Les images, tout sauf champêtres, n'incitent en rien au tourisme viticole façon Sideways. Les cadrages sont quelconques, la caméra se contente d'être contemplative. Kervern et Delépine ont plutôt choisi de privilégier les personnages et les dialogues. Et cela leur réussit plutôt bien.

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Saint Amour. Comédie dramatique de Gustave Kervern et Benoît Delépine. Avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste. 1h42.

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Image fournie par FunFilm Distribution