Alors que l'aide médicale à mourir est revenue sur la sellette cette semaine avec le cas de cette dame qui s'est laissée mourir de faim, nombre de réalisateurs continuent de trouver dans ce sujet un terreau fertile. Il y a bien sûr eu le touchant Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé, mais aussi La vanité de Lionel Baier sur une note plus légère. L'acteur-réalisateur australien Jeremy Sims s'y attaque à son tour avec Last Cab to Darwin.

Adapté de la pièce de théâtre de Reg Cribb, le récit nous plonge en plein coeur de l'Australie. On y suit Rex (Michael Caton, formidable), un chauffeur de taxi de Broken Hill atteint d'un cancer de l'estomac, qui entreprend un périple de 3000 km vers le nord jusqu'à Darwin. La raison? Les Territoires du Nord sont en voie d'adopter de nouvelles lois autorisant l'euthanasie et Rex, à qui il ne reste que trois mois à vivre, aimerait bien être le premier à pouvoir bénéficier des services dont la Dre Nicole Farmer (Jacki Weaver) fait la promotion.

Sur sa longue route, il croise Tilly (Mark Coles Smith), un jeune père abandonnant ses responsabilités familiales, et Julie (Emma Hamilton), une infirmière anglaise exilée en Australie. Trois personnages en fuite puisque Rex se sauve lui-même de Polly (Ningali Lawford-Wolf), sa voisine aborigène - l'amour de sa vie - qui a offert de lui tenir la main et de prendre soin de lui dans ses derniers instants. Mais Rex craint les relations humaines. Au fil de son road trip, il apprendra heureusement à compter sur les autres.

Magnifiant les paysages grâce à sa direction photo soignée, le réalisateur nous entraîne sur les routes poussiéreuses à perte de vue de l'Outback australien où moutons et lézards, arbres aussi rares qu'étranges, sol aride et inoubliables couchers de soleil s'invitent au voyage. 

Les images sont bercées par la jolie musique d'Ed Kuepper, qui met en valeur la guitare acoustique.

Les femmes n'ont souvent pas le beau rôle dans Last Cab to Darwin. Parfois arrivistes (la Dre Farmer, qui souhaite promouvoir sa cause), souvent fortes et hystériques (la voisine Polly et la femme de Tilly), elles frôlent parfois la caricature. Heureusement, le personnage de l'infirmière Julie, incarné avec justesse par Emma Hamilton, est plus nuancé. La relation qu'elle entretient avec Rex est d'ailleurs empreinte d'un bel humanisme.

Traînant par moments en longueur, malgré quelques scènes fort touchantes, Last Cab to Darwin souffre d'une finale un peu trop cousue de fil blanc. Dommage.

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Last Cab to Darwin. Drame de Jeremy Sims. Avec Michael Caton, Jacki Weaver, Emma Hamilton. 2h03.

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Image fournie par Soda Pictures